Bombardier (T.BBD.B) a obtenu hier sa plus importante commande d'avions de la CSeries jusqu'à maintenant. C'est une première percée en Amérique du Nord et peut-être le signe que les moteurs de la CSeries vont se mettre à tourner à plein régime.

Republic Airways Holdings (RAH), société américaine établie à Indianapolis, a passé une commande ferme de 40 biréacteurs CS300 pour livraison en 2015 et se réserve des options sur 40 autres. Le contrat est évalué à près de 3,1 milliards US, avec un potentiel total de 6,3 milliards si les options sont exercées. > Sur le blogue de Richard Dufour: CSeries: à qui le tour?

Ce contrat d'envergure ne signifie pas que les 2500 employés mis à pied dans les dernières années seront rappelés de sitôt dans les usines du Grand Montréal. Mais la commande a au moins de quoi les encourager.

«Avec cette commande significative, nous nous attendons à un effet boule de neige, affirme l'analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins. Cela devrait mener à des commandes additionnelles.»

Benoit Poirier rappelle que Bombardier a eu des discussions avec plus de 150 sociétés aériennes et négocie activement avec une douzaine de transporteurs.

Bombardier a lancé officiellement la CSeries au salon de Farnborough, en juillet 2008. Jusqu'à hier, l'avionneur n'avait reçu des commandes fermes que pour 50 appareils, avec des options pour 50 autres.

«Nous croyons qu'il y avait une certaine appréhension dans le marché du fait que Bombardier n'avait que deux commandes, note l'analyste Cameron Doerksen, de Versant Partners. La commande de Republic devrait alléger cette inquiétude.» Les investisseurs ont d'ailleurs apprécié la nouvelle hier, alors que le titre de Bombardier a grimpé de plus de 7% pour clôturer à 5,87$ à Toronto.

Bombardier évalue que le marché de la CSeries représente un potentiel de 3600 appareils sur 20 ans.

La concurrence devra réagir

RAH, qui exploite plusieurs lignes aériennes régionales desservant des destinations en Amérique du Nord et en Amérique centrale, est la première société aérienne nord-américaine à s'inscrire sur le carnet de commandes de la CSeries.

«C'était important pour la CSeries d'entrer sur le marché nord-américain, le plus important sur la planète», a dit à La Presse Affaires l'analyste aéronautique et vice-président du Teal Group, Richard Aboulafia.

En même temps, «le contrat avec Republic vient vraiment forcer Embraer, Airbus et Boeing à répondre avec des produits concurrentiels, dit M. Aboulafia. Je pense que les concurrents de Bombardier étaient trop complaisants avec la CSeries.»

«Aucun autre avion ne peut égaler les attributs qu'ils [les avions de la CSeries] proposent sur le marché», a déclaré par voie de communiqué le président et chef de la direction de RAH, Bryan Bedford.

Selon M. Aboulafia, le vrai test de la CSeries résidera justement dans sa capacité à survivre à l'arrivée de nouveaux produits concurrentiels de Boeing ou Airbus.

L'autre grand gagnant du contrat Bombardier-RAH est Pratt&Whitney. L'entreprise construira à Mirabel le moteur dernier cri PurePower PW1000G, qui équipera la CSeries. «Ça garantit en quelque sorte que les autres avionneurs devront jeter un oeil particulier sur ce moteur pour leurs produits», dit Richard Aboulafia. Il précise que le moteur à faible consommation de P&W est une des «caractéristiques impressionnantes» de la CSeries.