Le visa qu'exige le gouvernement canadien pour les voyageurs mexicains a fait sa première victime: AeroMexico a décidé de se retirer du Canada.

Le transporteur mexicain a mis fin à la liaison bihebdomadaire Mexico-Montréal qu'il avait établie en avril dernier, a indiqué une porte-parole d'AeroMexico. La société ne fait plus que quelques vols nolisés pour respecter des ententes conclues avec des grossistes.

AeroMexico entend également mettre fin à la liaison quotidienne Mexico-Toronto à la fin de février ou au début de mars. Le transporteur est présentement en discussion avec les grossistes afin de trouver une façon de respecter les ententes conclues. Il ne prend plus de réservations pour cette destination.

Dans une entrevue avec ATI, un site internet spécialisé dans l'aviation et l'aéronautique, le vice-président de la division nord-américaine d'AeroMexico, Frank Galan, a carrément blâmé le nouveau visa exigé par le gouvernement canadien. Selon lui, le processus pour obtenir ce document est à la fois compliqué et coûteux, ce qui a incité les Mexicains à choisir d'autres destinations que le Canada. Et ce qui a rendu les liaisons Montréal-Mexico et Toronto-Mexico d'AeroMexico non-profitables.

Le gouvernement Harper a imposé le nouveau visa en juillet pour faire face à un afflux des demandes d'asile en provenance du Mexique. Le nombre de demandes a pratiqué triplé entre 2005 et 2008. Or, jusqu'ici, très peu de ces demandes ont été jugées acceptables par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, soit 11% seulement.

Le ministère québécois du Tourisme, qui faisait justement beaucoup de publicité pour inciter les Mexicains à visiter le Québec, n'a pas apprécié l'initiative fédérale. Le Mexique est un marché cible pour la province: en 2008, le tourisme mexicain a eu des retombées économiques de 90 millions de dollars au Québec.

«Ça n'a pas été un bon timing pour nous», a commenté la porte-parole de la ministre du Tourisme Nicole Ménard, Émilie Rouleau.

La ministre Ménard a téléphoné à son homologue fédérale et, avec deux collègues du cabinet, a envoyé une missive au ministre fédéral de la citoyenneté et de l'Immigration Jason Kenney pour demander des mesures d'atténuation, sans grand succès.

Résultat: le nombre de visiteurs mexicains qui sont entrés au Canada par le Québec entre janvier et octobre 2009 a diminué de 35,8% par rapport à la même période de l'année précédente.

«On ne peut pas attribuer toute cette diminution au visa parce qu'il y avait déjà une baisse à cause notamment de la crise économique et d'autres facteurs, a déclaré Mme Rouleau. Mais c'est bien sûr que ça a eu un impact considérable.»

Elle a indiqué que le nombre de visiteurs mexicains avait diminué de 10,9% dans la période précédent la mise en oeuvre du fameux visa.

Selon ITA, Mexicana a constaté une baisse de 30% du trafic entre le Canada et le Mexique depuis la mise en place du visa. Le transporteur a mis fin à la liaison Mexico-Edmonton, mais elle maintient le service vers Toronto, Montréal, Calgary et Vancouver.

Chez Air Canada, on a également assisté à une baisse du trafic entre Mexico et les destinations canadiennes, mais on n'a pas voulu la quantifier. Et on n'a pas voulu tout mettre sur le dos du visa.

«Il y a eu aussi l'économie et la grippe A (H1N1) qui ont pu avoir un impact, a rappelé la porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur. Nous n'avons pas les moyens de voir pourquoi les gens ne réservent pas.»