Amtrak, principal transporteur interurbain de passagers par rail aux États-Unis, ravive ses ambitions de moderniser son parc ferroviaire, a confirmé son chef de la direction, hier à Washington.

Et de ce côté-ci de la frontière, pareille suggestion du patron d'Amtrak attise l'appétit de Bombardier Transport [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], déjà fournisseur depuis 15 ans des rames de train les plus achalandées du transporteur américain.

«C'est une très bonne nouvelle pour nous, même si les projets d'Amtrak de commander du matériel roulant demeurent très imprécis», a indiqué Talal Zouaoui, principal porte-parole de Bombardier Transport pour l'Amérique du Nord.

«C'est trop tôt pour qualifier la teneur des éventuels appels d'offres d'Amtrak, en particulier leur valeur potentielle. Mais, chose certaine, Bombardier Transport serait l'un des fournisseurs les mieux placés pour y répondre avec son réseau d'usines au Canada, aux États-Unis et au Mexique.»

Parmi les analystes qui ont Bombardier à l'oeil, on estime de bon augure les intentions ravivées d'Amtrak d'investir dans une modernisation massive de son parc roulant.

«Ça pourrait être positif pour toute l'industrie du transport de passagers par rail en Amérique du Nord, et en particulier Bombardier Transport comme fournisseur majeur», a indiqué Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

En Bourse, les actions de Bombardier ont gagné 1,1% en clôture, hier, alors que l'indice de marché S&P/TSX et le sous-indice des entreprises industrielles étaient pratiquement inchangés.

Selon l'agence financière Bloomberg, qui cite les propos du chef de la direction d'Amtrak, Joseph Boardman, au cours d'une téléconférence d'analystes, le transporteur ferroviaire planche sur une commande d'une centaine de locomotives et de «plusieurs centaines de wagons pour passagers».

Pareille ambition d'Amtrak n'est pas nouvelle dans le milieu ferroviaire aux États-Unis.

En fait, il y a un an, alors que la nouvelle administration Obama à Washington élaborait ses mesures économiques d'urgence, il fut question de plusieurs milliards de dollars en fonds fédéraux pour rehausser le transport ferroviaire de passagers.

Et de ces fonds additionnels, Amtrak avait obtenu l'engagement d'une hausse de la subvention fédérale à près de 2 milliards US par année pour mieux combler ses pertes d'exploitation sur la plupart des trajets de son réseau.

Maintenant, le moment de projets plus concrets est arrivé pour le transporteur de quelque 27,5 millions de passagers par année.

Hier, le chef de la direction d'Amtrak a promis plus de détails d'ici un mois.

«Le moment est venu de renouveler notre parc de matériel roulant» a indiqué M. Boardman.

Pour Bombardier Transport, dont le carnet de commandes actuel de 29,3 milliards US est très centré sur l'Europe et l'Asie, de nouvelles occasions d'affaires avec Amtrak pourraient rehausser le niveau d'activités de ses usines nord-américaines.

«Nos usines de La Pocatière, au Québec, et de Plattsburgh, dans le nord de l'État de New York, entre autres, fonctionnent en deçà de leur capacité. Des mandats relatifs à de nouveaux contrats avec Amtrak y seraient bienvenus», a indiqué Talal Zouaoui, de Bombardier Transport.

Par ailleurs, Amtrak et Bombardier Transport se connaissent déjà très bien.

Car ce sont des trains à vitesse élevée, les rames Acela, conçues et livrées par Bombardier, qui roulent depuis 10 ans sur les trajets les plus achalandés d'Amtrak dans le couloir entre Washington, New York et Boston.

Certes, Bombardier et Amtrak ont eu maille à partir l'une avec l'autre lors des premières années d'exploitation des trains Acela, en raison des nombreux problèmes techniques.

Le pire épisode est survenu au printemps 2005, lorsque les rames Acela ont dû être retirées du service pendant trois mois afin de corriger des problèmes d'usure prématurée des systèmes de freinage.

Depuis, Amtrak et Bombardier ont fait la paix, par règlement à l'amiable du moins.

Et le service Acela d'Amtrak, où les rames roulent jusqu'à 150 milles à l'heure, demeure de loin le plus important et le plus rémunérateur de son réseau.

Pour la suite, est-ce qu'Amtrak pourrait commander d'autres rames de trains de type Acela?

«C'est trop tôt pour spéculer à ce sujet. Néanmoins, ça demeure la technologie ferroviaire la plus accessible pour augmenter les vitesses de roulement sur des rails existants, sans devoir investir massivement dans des corridors de rails dédiés comme les TGV en Europe», a souligné Talal Zouaoui, de Bombardier Transport.

Par ailleurs, Bombardier s'attend à une bonne concurrence lors d'une éventuelle course aux contrats d'Amtrak.

Entre autres, on prévoit devoir affronter les concurrents habituels, l'allemande Siemens et la française Alstom. Mais aussi, des fabricants du Japon et de Corée.

Quant à la commande de locomotives, le géant industriel américain General Electric sera en position de mener une vive bataille. Dans son marché d'origine en plus.