L'un des principaux clients de Bombardier Aéronautique, Mesa Air Group, s'est placé sous la protection du chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites.

Dans un document déposé hier à la cour du district du sud de New York, le président de Mesa Air Group, Michael Lotz, a expliqué que cette procédure permettra au transporteur régional de se défaire des appareils dont il n'a plus besoin.

> Réagissez sur le blogue de Sophie CousineauSelon le document, Bombardier est le deuxième plus important créancier non garanti de Mesa Air Group, avec une créance de 133 millions US. Cette somme comprend des garanties de prêts, des prêts et des dommages liés à des ruptures de contrat.

Bombardier n'a pas voulu confirmer cette somme.

«Nous sommes susceptibles d'être touchés sur le plan financier, mais nous avons mis en place des provisions adéquates pour absorber le choc», a déclaré le porte-parole de Bombardier Avions régionaux, John Arnone.

Il a ajouté qu'au cours des dernières années, Bombardier avait vu plusieurs de ses clients se placer sous la protection du chapitre 11 pour en ressortir plus solides, mieux équipés.

«Nous travaillons avec Mesa dans l'espoir de le voir améliorer sa position dans ce climat économique difficile», a-t-il déclaré.

Mesa exploite notamment plusieurs liaisons régionales en vertu d'ententes avec US Air, Delta et United. Ce dernier transporteur a toutefois décidé récemment de ne pas renouveler une importante partie de l'entente conclue avec Mesa.

La flotte de Mesa compte présentement 178 avions, dont 106 biréacteurs régionaux et 16 turbopropulseurs de Bombardier, 36 biréacteurs régionaux d'Embraer et 20 turbopropulseurs de Beechcraft. À l'heure actuelle, 52 de ces appareils ne sont pas utilisés, et 25 viendront les rejoindre en entreposage d'ici le mois de mai.

Mesa a déjà fait part de son intention de se départir des 20 appareils Beechcraft et a entrepris des discussions avec les bailleurs des autres appareils, soit 35 CRJ200 et 10 Dash-8 de Bombardier et 12 ERJ-145 d'Embraer.

«La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a aucun appareil CRJ700 et CRJ900 en surplus chez Mesa, soit les modèles que Bombardier produit encore, a commenté Benoît Poirier, analyste de Valeurs mobilières Desjardins. Le CRJ200 n'est plus en production.»

Il a indiqué que la décision de Mesa de faire appel au chapitre 11 avait des implications négatives pour Bombardier, mais que cela ne changeait pas les prévisions de Valeurs mobilières Desjardins. «Nous avions déjà prévu une diminution de 21% des livraisons de biréacteurs régionaux pour le nouvel exercice financier de Bombardier», a-t-il fait savoir.

Mesa n'a fait aucun commentaire au sujet des 10 appareils CRJ700 commandés auprès de Bombardier qui n'ont toujours pas été livrés.

M. Arnone a affirmé que cette commande faisait toujours partie du carnet de l'avionneur.

«Ils doivent être livrés en 2013», a-t-il déclaré.

David Newman, analyste de la Financière Banque Nationale, croit que Mesa pourrait annuler cette commande.

Toutefois, tout comme M. Poirier de Valeurs mobilières Desjardins, M. Newman maintient sa recommandation d'achat sur le titre de Bombardier.

L'action de catégorie B de la société n'a d'ailleurs perdu que 2 cents à la Bourse de Toronto hier, pour clôturer à 4,85$.

Par ailleurs, une autre entité québécoise se trouve sur la liste des créanciers non garantis de Mesa, soit Investissement Québec, avec une créance de 34 millions US en garanties de prêts. La porte-parole d'Investissement Québec, Josée Béland, a toutefois indiqué que la société d'État n'avait pas encore calculé la somme en cause, puisqu'elle était liée à un grand nombre de transactions.

«Nous attendons de voir le plan de restructuration pour voir quels avions seront conservés, et quels avions seront renvoyés», a déclaré Mme Béland.

Une autre société d'État, Exportation et développement Canada, figure pour sa part sur la liste des créanciers garantis, avec une créance de 105,8 millions US.