La récession a fait mal à l'industrie du voyage. Les craintes au sujet d'une éventuelle épidémie de grippe n'ont pas aidé. Mais il n'y a rien comme une bonne petite vague de froid en décembre pour remettre les voyageurs sur le chemin du Sud.

«Tout a changé à la mi-décembre, affirme Moscou Côté, directeur général de Voyages Constellation, en entrevue avec La Presse Affaires. Il y a eu une grosse bordée de neige, suivie d'un froid important. Les réservations ont doublé cette semaine-là.»

Il indique que ce regain de vie fait suite à un automne plutôt tristounet. Les réservations effectuées au cours de l'automne pour un voyage cet hiver ont chuté de 30 à 50 % par rapport à l'année dernière. M. Côté y voit plusieurs causes, à commencer par la situation économique.

«On dit que la récession est terminée, déclare-t-il. C'est le cas, mais nous ne sommes pas revenus au point de départ.»

Il soutient que pour plusieurs personnes, le voyage dans le sud demeure une dépense de luxe.

«On achète ça une fois que les autres besoins sont assurés, indique-t-il. Dès que quelqu'un est insécure au sujet de son emploi ou de ses placements, le voyage semble être remis sur la tablette.»

La grippe A (H1N1) n'a pas aidé, surtout lorsque certains médias ont laissé entendre qu'un certificat de vaccination serait nécessaire pour voyager. Les agents de voyage ont dû émettre un communiqué pour remettre les pendules à l'heure.

«Ces deux facteurs combinés ont fait que les gens n'ont pas réservé longtemps en avance.»

Selon M. Côté, un autre facteur a joué: la température trop clémente cet automne. Les gens n'ont pas été portés à rêver à une évasion hivernale.

La chute des réservations a entraîné une réaction à la chaîne.

«Les forfaitistes sont devenus insécures face à leur inventaire, les prix ont baissé, certains vols ont été annulés ou consolidés, raconte M. Côté. Comme les prix baissaient de semaine en semaine, les gens ont décidé d'attendre avant de réserver.»

Mais voilà, l'hiver est arrivé.

«Les gens avaient retardé leur achat, indique M. Côté. Maintenant, ils ont besoin de partir, ils veulent couper l'hiver en deux.»

Il s'attend maintenant à ce que cet hiver, les réservations augmentent de 10 à 20 % par rapport à la même période de l'année dernière. Et il s'attend à ce que les prix recommencent à augmenter dès le mois de février.

Pierre Tessier, de Transat, indique que cette saison, les ventes sont légèrement inférieures à ce qu'elles étaient l'année dernière. Il fait toutefois remarquer que l'année dernière était une année record et que les ventes avaient alors augmenté de 17 % par rapport à celles de l'année précédente.

La tendance des réservations à la dernière minute se maintient.

«Les gens attendent de plus en plus à la dernière minute pour acheter leur forfait», affirme-t-il.

Les choses sont un peu différentes chez Vacances Air Canada. La chef de service des communications, Arline Kanadjian, soutient que les ventes sont meilleures que celles de l'année dernière.

«Nous n'avons pas ressenti les effets de la crise économique», affirme-t-elle.

Elle attribue notamment cette situation à l'inclémence de l'été 2009.

«Il n'y a pas eu d'été, lance-t-elle. C'est une des raisons pourquoi nous avons eu beaucoup de ventes pour les destinations soleil.»

Vacances Air Canada offrent des forfaits pour Cuba, la Républicaine dominicaine et le Mexique, mais également pour des destinations un peu plus haut de gamme, comme les Barbades et la Jamaïque.

«Pour Cuba, la République dominicaine et le Mexique, il y a plus de réservations à la dernière minute.»

Les voyageurs ont recommencé à visiter le Mexique, qui avait été le premier pays frappé par l'épidémie de grippe A (H1N1), qu'on appelait alors grippe porcine.

«Ce n'est pas comme c'était, mais ça revient», confirme M. Tessier, de Transat.

M. Côté, de Voyages Constellation, note que les prix sont plus bas que l'année dernière au Mexique et qu'ils se sont rapprochés de ceux de Cuba, traditionnellement moins élevés.

Pour cette raison, il y a moins de voyageurs, proportionnellement, qui vont vers Cuba cet hiver, même si cette île demeure la destination soleil numéro un des Québécois, affirme-t-il.