Transat A.T. (T.TRZ.B) veut répéter en France ce qu'il a réussi à faire au Québec il y a 20 ans: augmenter sa présence dans les agences, ce qui lui permettra de mieux vendre ses voyages que ses concurrents. Et dès 2010, le voyagiste montréalais pourra compter sur une cinquantaine de nouvelles agences portant ses couleurs dans l'Hexagone.

Dans son bureau au pied du mont Royal, le président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache, se rappelle 1989, quand son groupe a mis la main sur Club Jeunesse, qui allait devenir Club Voyages. «Les gens ne se sont jamais rendu compte de ça, mais, du jour au lendemain, on s'est retrouvés avec un réseau de ventes sur lequel nous avions une influence. Ils vendaient en priorité nos produits. Pourquoi Transat est gros et fort au Québec? Ce n'est pas parce qu'on est les plus intelligents ou plus fins ou n'importe quoi. C'est parce qu'on avait le réseau de détail.»

Entente de partenariat

En novembre, son groupe a d'abord annoncé une entente de partenariat avec AFAT Voyages Selectour. Le spécialiste français du voyage détient 1170 agences et une facturation totale de 2,9 milliards d'euros (environ 4,4 milliardsCAN).

Ce qui est presque passé inaperçu dans cette entente, c'est qu'AFAT et Voyages Selectour sont elles-mêmes le fruit d'une fusion.

Et, dans le cas d'agences qui se trouvent trop proches l'une de l'autre pour être viables, Transat peut les exploiter. Ce qu'elle fera avec une cinquantaine d'entre elles dès 2010.

Les agences porteront le nom de Look Voyages, une des marques de commerce de Transat en France. «On estime qu'il y en aura au moins 150 agences en trois ans», précise M. Eustache.

Il n'est pas encore clair si les agences seront des franchisées ou si elles appartiendront en propre à Transat. Ce qui est certain, selon M. Eustache, c'est que cette entente assurera le succès de Look Voyages en France, dont la pertinence de l'acquisition a maintes fois été remise en question par les analystes financiers de Toronto.

«Comme c'est français, ils ne connaissent pas ça, dit M. Eustache en parlant des analystes. Ils n'aiment pas. Si ça avait été british, ça aurait été moins de problèmes. Ce qui fait qu'ils disaient tout le temps: Et Look Voyages, et Look Voyages? Là, ils ne diront plus ça. Ils vont dire: quel coup de génie Jean-Marc a fait en France!»

Des agences en moins

Si Transat veut se rapprocher de la masse française, il en va autrement de sa clientèle d'affaires. «On est en train de tout vendre, toutes les agences d'affaires», explique-t-il encore.

En clair, cela veut dire que 27 agences d'affaires que le groupe détenait en France sont en train de changer de main. Ces agences offrent des services similaires à ceux de Carlson Wagonlit et l'agence de voyages d'American Express, spécialisées dans les déplacements professionnels.

Il assure en avoir tiré un bon prix. «J'ai été surpris parce que le voyage souffre beaucoup en France.»

Fait intéressant, les acquéreurs ont repris le personnel des agences, ce qui veut dire que le voyagiste n'aura pas à payer d'imposantes indemnités de départ.

Finis, les silos

Sa restructuration au Canada terminée depuis peu, Transat veut maintenant faire une opération similaire en France, où son chiffre d'affaires avoisine les 750 millions de dollars. Après avoir créé Transat France, Jean-Marc Eustache veut que les quatre entités françaises du groupe travaillent davantage ensemble.

Ainsi, Vacances Transat (qui amène chaque année 250 000 Européens au Canada), Look Voyages (spécialisée dans les moyennes distances comme la Méditerranée), Amplitravel (Tunisie) et Club Voyages (des agences qui vont prendre le nom de Look Voyages), tout ce beau monde donc est regroupé dans les bureaux de Look Voyages, à Ivry-sur-Seine, au sud de Paris.

Les services juridiques, les ressources humaines, la comptabilité sont maintenant mis en commun. «C'étaient des entreprises qui étaient un peu séparées les unes des autres et qui travaillaient chacune de leur bord», dit M. Eustache.

Hier, le titre de Transat A.T. a poursuivi sur sa lancée. Il a pris 32 cents à Toronto et terminé la séance à 21,35$. Ces trois dernières semaines, l'action a pris pas moins de 44% dans la foulée des résultats du quatrième trimestre.