Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) s'impatiente devant l'absence de commandes pour son nouvel appareil CSeries, alors que l'avionneur québécois espérait une ou deux commandes d'ici la fin de l'année fiscale en cours, le 31 janvier prochain.

En dévoilant les résultats financiers de l'entreprise, jeudi, le président et chef de l'exploitation de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a reconnu que l'échéance approchait à grands pas: «C'est évident qu'on se rapproche de la fin de l'année fiscale. Donc, il y a plus de risque. Mais je suis confiant qu'on va signer ces commandes.»

«Malheureusement, on n'a pas le contrôle sur ce qui se passe avec les clients. Les temps sont beaucoup plus difficiles en terme d'avoir des arrangements de cette magnitude. Je pense qu'on a encore la possibilité mais c'est sûr que les semaines s'écoulent.»

Le grand patron de Bombardier, Pierre Beaudoin, a cependant tenu à rappeler que la CSeries était un projet à long terme: «Bombardier va fabriquer cet avion-là pour plusieurs années. Nous visons encore une livraison pour 2013, donc il n'est pas question de précipiter et de faire des compromis pour l'entreprise, seulement pour avoir une commande.»

Bombardier se dit toujours confiant de pouvoir aller chercher 50% de ce marché. Ses installations de Mirabel auront une capacité de production de 20 appareils par mois, bien que l'on ne prévoie pas s'approcher d'une telle cadance à court terme.

Par ailleurs, l'annonce d'une commande de 22 appareils CRJ700 par American Eagle, jeudi matin, ne remet pas en question le ralentissement de cadence de production des appareils CRJ annoncé la semaine dernière, qui entraînera la perte de 715 emplois à compter de janvier dans la région de Montréal.

«Nous avions anticipé que nous allions signer ce contrat lorsqu'on a annoncé la nouvelle cadence pour la ligne à Mirabel», a expliqué M. Hachey.

Les dirigeants de Bombardier sont cependant optimistes de voir une reprise du marché dans le secteur des avions commerciaux à compter de la deuxième moitié de la prochaine année fiscale. La reprise se fait d'ailleurs déjà sentir du côté des avions d'affaires, a noté M. Hachey, au point où l'on est satisfait de la cadence de production actuelle.

«Nous nous attendons à ce que les commandes continuent à augmenter. Vous avez vu que, pour la première fois depuis plusieurs trimestres, nous avons eu un petit positif. Nous nous attendons à ce que le quatrième trimestre soit dans la même veine. C'est sûr que si le marché ne reprend pas selon nos attentes, à ce moment-là il va falloir prendre des décisions différentes, mais pour le moment nous croyons être au bon niveau de production.»

Du côté de la division Bombardier Transport, M. Beaudoin s'est dit très satisfait à l'issue d'une bonne année. Il avertit cependant que les bons résultats du secteur transport ne peuvent compenser le recul du secteur aéronautique, qui doit accroître sa rentabilité.

«Bombardier bénéficie du fait que nous sommes diversifiés entre le transport et l'aéronautique. Mais l'aéronautique doit être rentable. Nous sommes affectés comme entreprise par la situation économique. Évidemment pour réaugmenter la rentabilité, il va falloir que l'économie change de direction, ce que l'on commence à voir dans le domaine des avions d'affaires.»

Le président et chef de l'exploitation de Bombardier Transport, André Navarri, n'a pas caché sa déception, toutefois, devant le peu d'empressement de certains pays à consacrer une part de leurs programmes de relance économique dans des projets de transport ferroviaire.

«Ce que je trouve un peu dommage c'est qu'au moment où il y a un agenda qui est de réduire les émissions de CO2, où il y a des problèmes de congestion dans la plupart des villes dans le monde, où c'était une bonne occasion d'investir dans des programmes d'infrastructures qui créent des emplois, je pense que c'était une bonne occasion dans certains pays d'investir plus d'argent dans le transport sur rail. Ça n'a pas été le cas dans un certain nombre de pays.»

Il a cependant noté que certains pays, notamment la Chine et l'Inde, avaient des projets forts prometteurs de transport sur rail ou par métro.

M. Navarri a également fait part de son espoir de voir un nouveau programme de relance économique aux États-Unis inclure des projets de trains à grande vitesse à la demande de certains états américains.

Le groupe Bombardier a vu ses profits reculer de 58 millions $ US au troisième trimestre terminé le 31 octobre dernier par rapport à ceux de la période correspondante de l'exercice précédent, alors que ses revenus sont restés sensiblement les mêmes d'une année à l'autre.

Pour son dernier trimestre complété, le constructeur québécois de trains et d'avions a enregistré un bénéfice net de 168 millions $ US, ou neuf cents US par action, contre un bénéfice net de 226 millions $ US, ou 12 cents US par action, un an auparavant.

Le repli est attribuable à la division de l'aéronautique du groupe qui a vu son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA) baisser de 91 millions $ US d'une année à l'autre, alors que celui de la division transport, qui produit des trains, a crû de 44 millions $ US.

Les revenus globaux de l'entreprise ont été de 4,60 milliards $ US au troisième trimestre de l'exercice en cours, contre 4,57 milliards $ US un an plus tôt.

En publiant ses résultats jeudi, Bombardier a indiqué que sa situation de trésorerie demeurait robuste à 3 milliards $ US à la fin du troisième trimestre, comparativement à 3,5 milliards $ US au 31 janvier dernier.

À la fin du trimestre, son carnet de commandes total s'établissait à 47,4 milliards $ US, comparativement à 48,2 milliards $ US au 31 janvier.