La semaine de quatre jours permettra de sauver 110 emplois chez Bombardier Aéronautique à Mirabel.

Les membres de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), qui travaillent à Mirabel, ont accepté hier un programme de travail à temps partagé dans une proportion de 60%.«Ça met du baume sur la plaie, a commenté Dave Chartrand, de l'AIMTA. J'aimerais bien mieux être capable de dire qu'on garde tout le monde en emploi, mais ça aide.»

Bombardier a affirmé qu'il s'agissait également d'une bonne nouvelle pour l'employeur.

«Nous gardons l'expertise, nous gardons les gens de l'usine, a dit le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. Ils seront là quand la cadence va reprendre, quand le marché va remonter.»

La semaine dernière, Bombardier Aéronautique a annoncé qu'elle devra réduire la cadence de production de ses biréacteurs régionaux parce que les nouvelles commandes se font rares. Elle devait effectuer 715 mises à pied, dont 500 postes syndiqués, à partir de janvier prochain dans ses usines montréalaises. C'est l'usine de Mirabel qui devait être le plus durement touchée.

Le syndicat a proposé d'instaurer un programme de travail à temps partagé et la direction a accepté d'en discuter.

«Nous l'avions proposé à chaque vague de mises à pied, mais Bombardier n'avait jamais voulu s'embarquer là-dedans, a dit M. Chartrand, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Mais les règles du gouvernement ont été assouplies, il y a de l'argent qui a été injecté pour aider l'économie et garder plus de monde à l'emploi et cela a rendu Bombardier plus admissible.»

En vertu d'un programme fédéral, les employés travailleront quatre jours par semaine au lieu de cinq. Ils pourront bénéficier de prestations de l'assurance-emploi pour la cinquième journée. Cet arrangement pourra durer un maximum de six mois.

«Si jamais il y a un changement, si jamais on a des commandes, ils pourront arrêter après quelques mois», a noté M. Chartrand.

Le syndicat aurait aimé proposer ce programme dans toutes les usines montréalaises de Bombardier, mais ça n'a pas été possible. «Pour bénéficier du programme, il fallait réduire les heures de travail de 20%, a expliqué M. Chartrand. L'employeur n'était pas capable de faire ça dans les autres usines.»

Résultats

Bombardier divulguera ce matin ses résultats pour le troisième trimestre. Les analystes financiers s'attendent à ce que la filiale ferroviaire de l'entreprise lui permette de garder la tête haute. La marge de la filiale aéronautique devrait en effet demeurer faible, surtout en raison de l'effondrement du marché des avions d'affaires.

Des analystes financiers s'attendent d'ailleurs à ce que Bombardier doive effectuer de nouvelles réductions de cadence dans la production des petits biréacteurs d'affaires Learjet, à Wichita, au Kansas.

«Comme le carnet de commandes du Learjet se retrouve vers le bas de la fourchette établie par la direction (il représente sept mois de production alors que la cible est de six à neuf mois), nous prévoyons l'annonce de nouvelles réductions de production aujourd'hui ou d'ici la fin de l'exercice financier, le 31 janvier prochain», écrit Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, dans un rapport de recherche.

David Newman, de la Financière Banque Nationale, croit également qu'une nouvelle baisse de production est possible à Wichita.

«Une préoccupation demeure au sujet des biréacteurs régionaux, compte tenu des commandes nettes négatives au cours des trois derniers trimestres (près de 200 annulations et bien peu de nouvelles commandes) et l'apparition de trous dans le plan de production, surtout du côté des plus petits avions d'affaires, et notamment du Learjet 60», écrit-il.