Alors qu'Embraer perce au Kazakhstan, Bombardier fait du surplace au Tatarstan.

Embraer a annoncé hier que le transporteur national kazakh Air Astana exploitera deux biréacteurs régionaux E190 de 97 places à partir du premier trimestre de 2011. Air Astana a conclu une entente pour la location de ces appareils neufs avec Jetscape, entreprise de Fort Lauderdale, en Floride.

«Nous sommes très fiers de voir Air Astana devenir le premier exploitant d'un E-Jet en Asie centrale, a déclaré le vice-président d'Embraer pour l'aviation commerciale, Mauro Kern, dans un communiqué publié hier. Air Astana est un jeune transporteur, tout comme le Kazakhstan est un jeune pays, qui connaît une des croissances économiques les plus rapides au monde.»

Le président d'Air Astana, Peter Foster, a noté que le transporteur prévoyait élargir sa flotte d'E190 dans l'avenir.

Pendant ce temps, Bombardier n'arrive toujours pas à livrer à Tatarstan Air quatre appareils CRJ900 commandés par ce transporteur en mai 2007. C'est que les autorités russes refusent encore et toujours d'accorder le certificat de navigabilité qui permettrait à Tatarstan Air d'exploiter ces appareils.

Le transporteur, établi à Kazan, capitale de la province russe du Tatarstan, a même dû placer auprès de transporteurs étrangers deux premiers appareils CRJ900 livrés par Bombardier en 2007. Il a également dû acheter de vieux Tupolev Tu-134 pour répondre.» à ses besoins en attendant l'octroi du fameux certificat.

Il y a plusieurs années, les autorités russes ont certifié le turbopropulseur Q300 de Bombardier et le CRJ200, un biréacteur régional qui compte 50 places. Pour sa part, le CRJ900 peut accueilli 86 passagers. Or, l'entreprise russe Sukhoï est justement à mettre au point un biréacteur de 90 à 100 places, le Superjet, qui entrerait en concurrence avec le CRJ900.

Le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, n'a pas voulu établir de lien entre l'intransigeance des autorités russes et la venue prochaine d'un biréacteur régional russe.

Toutefois, dans une entrevue accordée il y a un an, le représentant principal de Bombardier en Russie, Sergueï Ermolaev, n'avait pas hésité à parler de protectionnisme.

Le marché de la Russie et des anciennes républiques de l'URSS est particulièrement intéressant.

«Au cours des 20 prochaines années, 75% des appareils actuellement en service dans ces pays seront remplacés, a souligné M. Duchesne. Mais évidemment, la libéralisation du marché n'est pas encore complétée.»

En attendant un déblocage du côté russe, les avionneurs regardent du côté des anciennes républiques, comme le Kazakhstan.

«Cela fait quelques mois que nous sommes certifiés au Kazakhstan, c'est déjà un pas de fait», a noté M. Duchesne.

Les commandes se font toutefois attendre dans ce pays.

«Où nous avons vendu des avions, nous ne sommes pas certifiés, et où nous n'avons pas vendu, nous sommes certifiés», a ironisé le porte-parole de Bombardier.

L'avionneur montréalais a tout de même enregistré une commande d'une autre ancienne république d'URSS, l'Estonie. Estonian Air lui a demandé trois CRJ900. En outre, Bombardier est le chef de file de l'aviation d'affaires en Russie et dans les anciennes républiques de l'URSS.

L'action de catégorie B de Bombardier a clôturé à 4,70$ hier, à la Bourse de Toronto, soit au même niveau que la veille.