Avec sa nouvelle arme, une usine à Plattsburgh, Nova Bus s'attaque au marché américain.

L'entreprise de Saint-Eustache veut s'emparer de 20% de ce marché d'ici 2015.

«Entre 2004 et 2009, notre part de marché est passée de 20% à 60% au Canada, a souligné le président et chef de la direction de Nova Bus, Gilles Dion, en entrevue hier, à l'occasion du congrès annuel de l'Association canadienne du transport urbain. Entre 2010 et 2015, nous espérons dépasser notre objectif de 20% de part de marché aux États-Unis.»

La Presse Affaires a rencontré M. Dion dans un véhicule de Nova Bus exposé dans le cadre du congrès. Cet autobus, qui sent encore le neuf, desservira notamment les personnes qui assisteront aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010.

 

Tant que Nova Bus, filiale de Volvo Bus Corporation, n'avait pas de présence aux États-Unis, elle ne pouvait pas vraiment répondre aux appels d'offres placés par les sociétés américaines de transport en commun. Elle devait se limiter à de petits contrats, comme des projets de navettes universitaires ou de navettes aéroportuaires.

En juin dernier, Nova Bus a ouvert sa première usine d'assemblage à l'extérieur du Québec, à Plattsburgh, dans l'État de New York. Grâce à un contrat placé par la société de transport de la ville de New York pour 90 autobus, l'usine de 250 employés tourne déjà à plein régime.

Le Québec devrait bénéficier des contrats que Nova Bus décrochera aux États-Unis, puisque l'entreprise entend continuer à fabriquer l'ossature des véhicules, qu'ils soient destinés au marché canadien ou au marché américain, à son usine de Saint-François-du-Lac. Les véhicules sont par la suite dirigés vers l'usine de Saint-Eustache ou l'usine de Plattsburgh pour l'assemblage final.

Contrairement au marché de l'autobus de tourisme, qui a été durement frappé par la crise, le marché de l'autobus urbain est en pleine croissance.

«Nous sommes passés de 125 à 260 employés à Saint-François-du-Lac, a souligné le directrice du marketing de Nova Bus, Nadine Bernard. Et ce sont des emplois intéressants.»

Les trois usines de Nova Bus emploient maintenant plus de 1230 personnes

Tous les grands acteurs de l'industrie ont bénéficié de cette croissance, a affirmé Mme Bernard.

Nova Bus fait face à quatre concurrents en Amérique du Nord: Daimler Orion, située à Mississauga, en Ontario, New Flyer, de Winnipeg, au Manitoba, et deux sociétés californiennes, NABI (North American Bus Industries) et Gillig. Comme Nova Bus, Daimler Orion et New Flyer ont dû établir des usines d'assemblage aux États-Unis. Le pari a toutefois payé: ensemble, les trois entreprises canadiennes contrôlent 70% du marché nord-américain.

«Il y a un fort leadership canadien», a lancé Mme Bernard.

Nova Bus garde tout de même un oeil sur le marché local. L'engouement que semble générer le tramway et le trolley dans certains milieux n'inquiète pas trop M. Dion.

«Ce sont des réflexions, a-t-il déclaré. Il y a encore bien des étapes à traverser.»

Il a indiqué que certains sautaient tout de suite aux conclusions et faisaient la promotion du tramway. Or, il faudrait plutôt commencer par identifier les besoins et les contraintes. Des solutions autres que le tramway pourraient apparaître pour des trajets comme l'avenue du Parc et le boulevard Pie-IX, comme des autobus à double articulation. Alors qu'un autobus normal peut transporter de 75 à 80 passagers, un autobus articulé peut en transporter de 110 à 120. Et un autobus à double articulation peut en transporter environ 160.

«Ce serait une belle alternative», a déclaré M. Dion.