Les travailleurs de Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) doivent se préparer à de bien mauvaises nouvelles.

«Malheureusement, nous devrons ajuster la cadence de production du Regional Jet d'ici la fin de l'année», a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, aux journalistes hier, après avoir prononcé un discours devant le Cercle canadien de Montréal. «Le marché est difficile.»

Il n'a pas voulu dire quelle sera l'ampleur de cet ajustement, ni ce que cela signifiera en matière de mises à pied. La direction de Bombardier devrait donner davantage de détails lors de la divulgation des résultats du troisième trimestre, le 3 décembre prochain.

L'entreprise avait profité de la divulgation de ses résultats du quatrième trimestre, en avril dernier, pour annoncer une diminution de 25% des livraisons de ses avions d'affaires. Cela s'était traduit par 3000 mises à pied, dont 1030 à Montréal.

Ces mises à pied ont toutes été effectuées.

«Ce qui a été annoncé est connu, a commenté M. Beaudoin hier. Ce qui va être annoncé sera supplémentaire.»

À l'époque, plusieurs analystes financiers avaient affirmé que Bombardier faisait preuve d'un grand optimisme en annonçant une réduction de 25% des livraisons d'avions d'affaires. Selon eux, Bombardier aurait dû annoncer une réduction plus importante.

M. Beaudoin a défendu cette décision hier.

«Certains de nos concurrents ont annoncé des réductions plus importantes, mais je crois que nous avons très bien fait avec l'ajustement que nous avons annoncé.»

Lors de la divulgation de ses résultats du deuxième trimestre, en septembre dernier, la direction de Bombardier avait fait savoir qu'elle devrait procéder à de nouvelles mises à pied dans la région montréalaise, cette fois dans le secteur de l'aviation commerciale, si elle ne parvenait pas à décrocher de nouvelles commandes pour des biréacteurs régionaux avant la mi-octobre.

En septembre, AMR, société mère d'American Airlines, a annoncé la signature d'une lettre d'entente pour la livraison de 22 biréacteurs régionaux CRJ700, mais le contrat n'a toujours pas été finalisé.

Tout changement dans la cadence de production, à la hausse ou à la baisse, demande beaucoup de planification et a beaucoup de répercussions dans toute la chaîne d'approvisionnement. Ce n'est donc pas une décision qui se prend à la légère.

«Nous sommes toujours en train de déterminer quel est le bon risque que Bombardier devrait prendre, a déclaré M. Beaudoin. Est-ce qu'on devrait garder les avions non vendus, dans un secteur, l'aviation commerciale, où nous avons normalement de 18 à 24 mois de commandes devant nous?»

Au 31 juillet dernier, l'avion- neur avait 16 avions neufs et 34 avions d'occasions en stock, d'une valeur de 433 millions US.

Le grand patron de Bombardier a fait valoir que l'entreprise disposait d'une certaine marge de manoeuvre.

«Il faut se rappeler qu'à Montréal, nous produisons aussi des avions d'affaires, et nous avons des contrats avec d'autres manufacturiers. Nous verrons ce qui se passera.»

Bombardier fabrique divers éléments structuraux pour les appareils A330 et A340 d'Airbus, comme le plancher du poste de pilotage, des planchers latéraux et la cloison de pressurisation. Ce contrat, qui prend fin en 2015, occupe environ 200 employés à Saint-Laurent.

Le président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), Yvon Paiement, a indiqué hier que plusieurs rumeurs circulaient dans les usines au sujet d'éventuelles mises à pied.

«Ça ne roule pas comme on voudrait, a-t-il déclaré. L'entreprise attendait quelques clients potentiels, mais nous sommes toujours en attente. Je suis allé dans les usines ce matin et c'est clair que c'est relativement tranquille.»

L'action de catégorie B de Bombardier a perdu 8 cents pour clôturer à 4,53$ à la Bourse de Toronto hier.