L'industrie aéronautique a ajouté une arme à son arsenal pour justifier l'utilisation des avions d'affaires.

Elle peut brandir une nouvelle étude qui conclut que les entreprises qui se tournent du côté de l'aviation d'affaires sont plus profitables et croissent plus rapidement que les entreprises de taille semblable qui se contentent de l'aviation commerciale.

Il faut toutefois noter que l'étude, réalisée par la firme américaine Nexa Advisors, a été financée par la National Business Aviation Association (NBAA), la General Aviation Manufacturers Association (GAMA) et quelques manufacturiers d'avions d'affaires, comme Bombardier, Embraer, Cessna et Piaggio Aero.

«Comme chef de file dans l'industrie, c'était important pour nous, en coopération avec les autres de l'industrie, de continuer à faire ressortir auprès de notre clientèle les vrais bénéfices, la valeur ajoutée de l'aviation d'affaires», a déclaré le vice-président du marketing de Bombardier Avions d'affaires, Philippe Crevier, en entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

L'aviation d'affaires connaît des jours difficiles, en raison de la crise économique, bien sûr, mais aussi en raison de l'image particulièrement négative qu'elle doit traîner depuis près d'un an. En novembre 2008, les dirigeants de General Motors, Chrysler et Ford ont décollé de Detroit à bord de leur biréacteur respectif pour aller réclamer une aide financière à Washington. Les congressistes n'ont pas apprécié et l'aviation d'affaires est devenue le symbole des excès des entreprises et l'emblème du gaspillage éhonté.

Des entreprises qui devaient recevoir de l'aide gouvernementale, comme Citigroup et Bank of America, ont réagi en mettant en vente des avions d'affaires et en annulant des commandes pour des appareils supplémentaires.

Selon M. Crevier, cette image négative commence à s'atténuer.

«Il y a eu beaucoup de sensationnalisme, mais les gens ont pris un peu de recul et comprennent mieux la valeur sur le plan de l'entreprise et la valeur sur le plan de l'économie», a-t-il déclaré.

Il reste que les actionnaires des entreprises sont intéressés à quantifier les avantages et les inconvénients de l'aviation d'affaires, comme ils cherchent à quantifier les avantages et les inconvénients d'un nouvel investissement, d'une nouvelle usine, d'une nouvelle pièce d'équipement majeure.

«Dans notre cas, c'est souvent intangible, parce qu'on parle de temps, de productivité, a indiqué M. Crevier. Avoir la capacité de quantifier ces facteurs-là, c'est important.»

Performance

L'étude de Nexa reprend et actualise une étude d'abord réalisée en 2001 par la firme comptable Arthur Andersen, alors que l'aviation d'affaires connaissait une autre crise importante.

La nouvelle étude compare la performance des entreprises du S&P 500 qui utilisent des avions d'affaires (soit des appareils qui leur appartiennent, soit des appareils nolisés) et la performance de celles qui se limitent à l'aviation commerciale.

Elle conclut qu'entre 2003 et 2007, la croissance des revenus des entreprises qui ont fait usage de l'aviation d'affaires a été de 116% plus élevée que celle des autres entreprises. La croissance de leurs bénéfices a été quatre fois plus importante que celle des autres entreprises. La croissance du prix de leur action a été de 156% plus élevée.

L'étude de Nexa a aussi noté que 95% des entreprises du S&P 500 qui étaient répertoriées sur la liste des 50 entreprises les plus innovantes du Business Week faisaient usage de l'aviation d'affaires. Pas moins de 90% des entreprises du S&P 500 énumérées par le magazine Fortune dans sa liste des entreprises les plus admirées dans le monde utilisaient également des avions d'affaires.

L'étude de Nexa a toutefois noté que des circonstances justifiaient plutôt l'utilisation de l'aviation commerciale. Il s'agit notamment des vols long-courrier ayant une seule destination, des trajets qui sont bien desservis par des vols directs commerciaux et des vols qui risquent d'être perçus comme un abus de privilège.