Bientôt terminée, la récession, suggèrent certains ces jours-ci.

Pas de sitôt dans l'aviation commerciale, avertit Calin Rovinescu, président et chef de la direction d'Air Canada [[|ticker sym='T.AC.A'|]].

En fait, il estime qu'il faudra encore «12 à 18 mois» avant que le secteur du transport aérien ne reprenne son souffle, après la pire récession mondiale en un demi-siècle.

«Je ne suis pas aussi optimiste que le gouverneur de la Banque du Canada et Ben Bernanke (président de la Réserve fédérale américaine) quant à la fin de la récession, a confié M. Rovinescu en entretien avec La Presse.

 

«Le transport aérien est habituellement le premier à ressentir une récession et le dernier à en sortir. Et pour le moment, malgré un léger rebond dans le cargo, tout indique que notre secteur aura besoin de 12 à 18 mois pour recommencer à respirer comme il faut.»

Cette prudence économique du président d'Air Canada rejoint le pronostic plutôt sombre émis mardi par l'IATA, le principal regroupement mondial du transport aérien.

Selon l'IATA, ses 230 membres se partageront des pertes d'au moins 11 milliards cette année. C'est 2 milliards ou 37% de plus que ce qu'on prévoyait en début d'année.

Pour 2010, ces pertes devraient frôler les quatre milliards.

Par ailleurs, l'IATA a fortement rehaussé son cumul des pertes de l'an dernier: elles totalisent désormais 16,8 milliards US, ce qui est 60% de plus que l'estimation précédente.

Chez Air Canada, le déficit pour les quatre derniers trimestres complétés (au 30 juin) totalise 1,1 milliard de dollars canadiens. Il s'agit d'un revirement négatif considérable par rapport au léger profit de 142 millions pour la période correspondante, un an plus tôt.

Et ce revirement s'est produit en dépit d'une gestion de décroissance du nombre de vols et de places offertes chez Air Canada qui serait «parmi les meilleures en Amérique du Nord», vante M. Rovinescu.

En contrepartie, la «structure de coûts d'exploitation» demeure trop lourde face à ses principaux concurrents, dont WestJet, Porter Airlines à Toronto et certains transporteurs américains.

Par conséquent, explique M. Rovinescu, un éventuel retour à la rentabilité d'Air Canada «d'ici la fin de 2010 ou en 2011» dépend du plan de réduction de coûts et de nouveaux revenus additionnels annoncé récemment.

Aussi, pourvu que l'économie ne se dégrade davantage, ni qu'une épidémie du virus H1N1 ne se transforme en crise pour le transport aérien.

Ce plan cible un gain de 250 millions par an au résultat net lors des deux prochains exercices. Il exclut l'impact d'autres réductions de capacité ainsi que les frais de main-d'oeuvre qui, eux, ont été l'objet de récentes ententes spéciales avec les syndicats. Ces ententes étaient d'ailleurs requises pour le financement de dépannage d'un milliard bouclé par Air Canada parmi divers fournisseurs financiers, dont la société fédérale EDC.

«Nous devons réviser notre structure de coûts pour que cette survie financière ne soit pas que temporaire, souligne M. Rovinescu.

«Je vais même pousser sur mes gens pour que nous fassions mieux que cet objectif de 500 millions en deux ans.»