Bombardier Aéronautique devra procéder à de nouvelles mises à pied dans la région montréalaise si elle ne parvient pas à décrocher de nouvelles commandes pour des biréacteurs régionaux d'ici la mi-octobre.

Déjà, en avril dernier, l'entreprise avait annoncé 3000 mises à pied, dont 1030 dans la région montréalaise.

«Nous avions alors une certaine perspective sur le marché, a déclaré le président de Bombardier Aéronautique Guy Hachey hier, au cours d'une conférence téléphonique portant sur les résultats du deuxième trimestre. Nous nous attendions à remporter de nouvelles commandes, mais cela n'est pas arrivé. Nous avons présentement des pourparlers qui sont sur le point de se conclure. Si nous décrochons une couple de commandes, cela va changer la donne substantiellement.»

Le conflit entre l'Irak et le Koweït constitue un autre facteur dans l'équation. La Cour suprême du Canada a accepté d'entendre un appel déposé par le Koweït, qui veut mettre la main sur des biréacteurs régionaux de Bombardier commandés par Iraqi Airlines afin de compenser les dommages subis pendant la première guerre du Golfe, en 1990. Bombardier a livré le premier des 10 appareils commandés par Iraqi Airlines et en a construit trois. Elle attend de voir ce qui se passera sur la scène juridique avant de commencer à construire les six autres.

«Si ce conflit ne se règle pas rapidement, il y aura des impacts négatifs pour Bombardier», a commenté le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne.

Les difficultés de la division aéronautique de Bombardier ont eu un effet négatif sur les résultats de l'ensemble de l'entreprise: par rapport au deuxième trimestre de l'exercice précédent, les revenus sont demeurés à peu près stables à 4,9 milliards US, mais le bénéfice net a dégringolé de 22% pour s'arrêter à 202 millions US, soit 11 cents par action.

Et pourtant, le titre de Bombardier a grimpé de plus de 7% pour clôturer à 4,10$ à la Bourse de Toronto hier. Les analystes ont expliqué que les résultats étaient meilleurs que prévu. En effet, ils s'attendaient à des revenus de 4,6 milliards US et un bénéfice de neuf cents par action.

«Il est évident que Bombardier se débrouille plutôt bien pendant cette récession, écrit David Newman, de la Financière Banque Nationale. Compte tenu également des signes de stabilisation sur le marché, cela nous amène à prendre une position plus favorable vis-à-vis du titre».

La Financière Banque Nationale recommande maintenant l'achat de l'action de Bombardier et fait passer son prix cible de 4,25$ à 5,50$.

Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, croit que les résultats du deuxième trimestre cloueront le bec des défaitistes. Il prévoyait la livraison de 65 appareils pendant le deuxième trimestre, il y en a eu 80.

La situation demeure cependant préoccupante du côté des commandes de Bombardier Aéronautique: la division a reçu 42 nouvelles commandes, mais elle a dû annuler 80 commandes, essentiellement pour des avions d'affaires, pour un résultat net de 38 commandes négatives.

Par contraste, la division Transport se porte plutôt bien avec un bénéfice avant intérêts et impôts de 159 millions US, comparativement à 128 millions US au même trimestre de l'exercice précédent.

«Nous sommes confiants de réaliser une marge de 6% pour l'ensemble de l'exercice», a déclaré le président de Bombardier, Pierre Beaudoin.

Par ailleurs, Bombardier a annoncé hier qu'elle avait conclu une facilité de crédit renouvelable de 500 millions US avec un syndicat d'institutions financières présidé par la Financière Banque Nationale. Ce syndicat comprend notamment la Caisse de dépôt et placement du Québec, à hauteur de 195 millions US, et le Fonds de solidarité FTQ, à hauteur de 65 millions US.

«Nous avons deux gros programmes de développement d'avion, a rappelé M. Beaudoin. Nous n'avons pas l'intention d'utiliser cette facilité, mais nous voulons l'avoir comme assurance. C'est difficile de prévoir l'état de l'économie dans trois mois ou six mois. Il faut être prudent.»