L'avionneur américain Boeing a de nouveau repoussé le calendrier de son nouvel avion de ligne «Dreamliner», rival du futur Airbus A350, fixant désormais ses premières livraisons au quatrième trimestre 2010, soit un retard de deux ans et demi sur son programme initial.

Ce nouveau retard est le cinquième depuis le lancement du programme en avril 2004. Les livraisons de ce long-courrier promettant les meilleures économies de carburant du marché étaient initialement prévues en mai 2008, avec un vol inaugural à l'automne 2007.

Outre le report des livraisons, Boeing a repoussé au quatrième trimestre de cette année le premier vol d'essai de l'appareil.

Ce nouvel agenda découle du dernier problème industriel en date découvert par Boeing: l'avionneur de Chicago avait annoncé le 23 juin repousser le premier vol d'essai de son 787 dit «Dreamliner» à une date non précisée, expliquant devoir renforcer une section du fuselage de l'appareil.

Boeing avait estimé avoir besoin de «plusieurs semaines» pour savoir si le calendrier de livraisons en serait affecté.

«Le nouveau calendrier reflète le besoin, précédemment annoncé, de renforcer une section du fuselage mais aussi d'ajouter plusieurs semaines sur le calendrier pour avoir une marge qui permette de réduire les risques entourant le vol d'essai et la certification» de l'appareil, a fait valoir Boeing jeudi.

«Les détails associés au design et la mise en oeuvre de la modification sont presque achevés», a assuré le PDG, Jim McNerney, ajoutant que «les équipes préparent les appareils en vue de leur modification et des tests».

«J'ai une confiance absolue dans l'analyse, le design et la mise en oeuvre de cette modification», a-t-il affirmé en conférence téléphonique.

La nouvelle était bien accueillie par le marché, alors que certains analystes redoutaient que les premières livraisons n'interviennent pas avant 2011. L'action Boeing prenait 9,37% à 52,30$ vers 10h.

Face à son rival Airbus, qui cumule lui aussi les retards sur son futur A350, Boeing conserve aussi l'avantage: l'A350, long courrier de moyenne capacité lancé en 2005, a dû être remodelé l'année suivante après des critiques de clients sur sa conception, et sa mise en service est désormais attendue pour 2013.

Sur un plan financier, Boeing va passer une charge de 2,5 milliards de dollars avant impôts, ou 2,21 dollars par action, dans ses comptes du troisième trimestre.

«Le nouveau calendrier ne devrait pas avoir d'impact significatif sur nos marges ni sur nos flux de trésorerie en 2009», a assuré le directeur financier James Bell.

Ce dernier, n'est pas revenu sur les prévisions financières du groupe, indiquant que Boeing livrerait des perspectives détaillées lors de la publication des résultats du troisième trimestre en octobre.

Les objectifs financiers pour 2010 seront actualisés en janvier prochain, a-t-il aussi indiqué.

Concernant les clients du «Dreamliner, M. McNerney a indiqué être «en discussions» avec ceux qui réclament des compensations.

De son côté, la compagnie aérienne japonaise ANA, premier client à devoir prendre livraison des 787 après avoir passé une commande inaugurale de 50 «Dreamliner» au lancement du programme, s'est dite «consternée» par le nouveau retard.

«Nous comprenons le besoin de concevoir l'avion le meilleur et le plus sûr du marché, et nous apprécions ces retards motivés par des questions d'ingénierie», a indiqué la compagnie à Tokyo. «Toutefois, en tant que client inaugural du 787, l'importance de ce nouveau retard est une grande source de consternation, pour ne pas dire de frustration».

Boeing, qui cumule 850 commandes de 787 à ce jour, a déjà essuyé deux annulations de commandes en début d'année, de la compagnie russe S7 pour 15 787 et du loueur émirati LCAL pour 21 appareils.

Selon la presse des derniers jours, la compagnie allemande Air Berlin envisage à son tour d'annuler sa commande de 25 appareils.