Oubliez le TGV entre Montréal et New York, s'est fait dire cette semaine le délégué général du Québec dans la métropole américaine, lors d'une rencontre avec les responsables new-yorkais. Le projet est trop coûteux et le tracé, trop complexe.

«Pour l'instant, c'est une vision de train rapide et non pas une vision de TGV», a constaté mardi, le délégué Robert Keating. Il rencontrait alors une délégation du ministère des Transports new-yorkais, en compagnie de fonctionnaires de Transport Québec.

 

La liaison New York-Montréal n'est pas non plus au sommet de leurs priorités. C'est plutôt le trajet Buffalo, Rochester, Syracuse, Albany qui l'est.

D'ailleurs, fait révélateur, la présentation faite à la délégation québécoise et dont nous avons obtenu copie compte 31 pages. Celles consacrées au corridor des Adirondacks, entre Montréal et Albany, sont au nombre de deux.

Qualifiant l'entretien de «rencontre exploratoire», M. Keating a quand même pu constater les différences entre la proposition new-yorkaise et ce que Québec souhaite construire. «La philosophie aux États-Unis, quand ils parlent de train rapide, c'est 110 miles à l'heure. Nous, quand on parle de ça au Québec, c'est plus que ça», confie-t-il.

Les réticences américaines aux trains à grande vitesse comme on les construit en France sont de deux ordres, selon lui. D'abord, les coûts. Une étude de 2004 les estimait à plus de 4 milliards de dollars. Et puis, il y a le tracé, qui devrait être refait, en passant dans le parc des Adirondacks.

«Il faut changer complètement le tracé si on veut un TGV, poursuit M. Keating (...) Ça ne peut pas être construit sur le tracé actuel, c'est un tracé qui a trop de courbes, trop d'élévation. C'est un vieux, vieux tracé.»

Québec rassurant

À Québec, le bureau du premier ministre s'est fait rassurant hier après-midi. «Nous autres, notre priorité, c'est Québec-Toronto, comme eux, la leur, c'est Albany-Buffalo», tempérait Hugo D'Amours, l'attaché de presse du premier ministre Jean Charest. Mais, a-t-il poursuivi empruntant une image chère à Jacques Parizeau, «on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps».

M. D'Amours assure que «au niveau politique, la volonté est là». D'ailleurs, le délégué général du Québec espère une rencontre «dans les prochains mois» entre M. Charest et le gouverneur de New York, David Paterson, afin de faire le point sur le dossier. En attendant, «il faut que les autorités politiques soient conscientes des constats qui ont été amenés».

Dépassé par l'Ontario?

Mentionnant que le trajet Albany-Buffalo arrivera à un jet de pierre de Niagara Falls, au Canada, le député péquiste François Rebello estime que «le Québec a perdu la bataille par rapport à l'Ontario».

«On n'a pas le TGV parce que le premier ministre n'a pas fait son travail», poursuit celui qui suit le dossier de près.

Il souligne que les exportations québécoises sont trois fois moins importantes dans le nord-est américain qu'elles ne le sont en Ontario. «L'absence de lien de transport facile engendre un coût économique», dit-il.

Le bureau du premier ministre Charest estime plutôt que c'est ce gouvernement que le projet a repris vie. Et on ne voit pas d'un mauvais oeil le fait qu'une ligne de train plus rapide arrive du côté de Niagara Falls: quand le trajet Québec-Windsor sera construit, estime M. D'Amours, et qu'il se rapprochera du trajet Albany-Buffalo au sud, «ce sera tout un incitatif pour les Américains de venir se brancher» et ainsi compléter une grande boucle.

En attendant, le délégué général laisse entrevoir une réduction du temps à la frontière: «Là-dessus, avec de la bonne volonté, on peut faire un bout rapide, qu'on ait un TGV ou non.