Après un départ particulièrement gris, le 48e Salon aéronautique du Bourget a vu le ciel s'éclaircir quelque peu au cours de la semaine.

Il y a eu des rayons de soleil, mais cela n'avait rien à voir avec les années fastes du milieu de la décennie, alors qu'Airbus et Boeing rivalisaient en annonçant mégacommande sur mégacommande, que les avionneurs lançaient de nouveaux appareils à qui mieux mieux et que des avions spectaculaires démontraient leurs capacités en vol.

La grande nouveauté cette année a été l'entrée officielle du Superjet 100, de la société russe Sukhoi, sur la scène internationale. L'appareil a réussi à se maintenir à la une des quotidiens spécialisés du salon avec de nouvelles commandes: 24 appareils pour la société russe Avialeasing et 30 appareils (15 commandes fermes et 15 options) pour le transporteur hongrois Malev.

Airbus a également bien tiré son épingle du jeu, notamment avec une lettre d'entente pour 50 appareils A320 signée avec le transporteur européen Wizz Air. L'avionneur a aussi annoncé des commandes pour 10 A350 pour le transporteur AirAsia et cinq A320 pour Cebu Pacific, en plus d'une impressionnante commande pour 24 appareils A320 placée par Qatar Airways.

Le chef de la direction de Qatar Airways, Akbar Al Baker, a d'ailleurs fait les grands titres à plus d'une reprise en critiquant les avionneurs, en commençant par Bombardier, qui n'aurait pas voulu accepter les «requêtes rigoureuses» de la société aérienne au sujet de la CSeries.

M. Al Baker a cependant réservé ses commentaires les plus acerbes à Boeing, «qui n'est pas menée par des entrepreneurs, mais par des comptables à calculette et des avocats».

Qatar Airways en veut à Boeing notamment à cause des délais importants qui ont caractérisé le développement du Dreamliner, le 787.

Boeing a d'ailleurs manqué une belle occasion de retaper sa réputation: l'avionneur aurait aimé faire effectuer le premier vol du 787 pendant la durée du salon, mais il n'a pas été en mesure de le faire. Le chef de la direction de Boeing Avions commerciaux, Scott Carson, a simplement promis que le premier vol aura lieu avant la fin du mois de juin.

Boeing a fait chou blanc en fait de nouvelles commandes, ce qui n'a pas arrangé les choses.

Ce sont finalement les avions turbopropulsés qui ont créé la surprise pendant le salon: l'européenne ATR (Avions de transport régional) a annoncé des commandes de la part de Royal Air Maroc, Afrijet, Vietnam Airlines et Air Nostrum, pour un total de 22 appareils, en plus d'options pour 10 appareils de plus.

La commande d'Air Nostrum a pu faire mal à Bombardier puisque le transporteur espagnol exploite déjà 19 avions turbopropulsés Q300 construits par l'avionneur canadien.

Bombardier a quand même pu se consoler: Air Nostrum a confirmé une commande pour 15 CRJ1000 qui était auparavant conditionnelle. Et le transporteur grec Olympic Airlines a commandé huit appareils Q400.

Le salon du Bourget a également été marqué par la diminution de la présence de l'aviation d'affaires. Deux grands manufacturiers, Gulfstream et Cessna, ont notamment déclaré forfait. Embraer n'a apporté avec elle aucun appareil.

Cette situation serait due à la crise que traverse l'aviation d'affaires, mais aussi à la popularité grandissante de salons spécialisés, comme le NBAA (National Business Aviation Association) aux États-Unis et EBACE (European Business Aviation Convention and Expo) en Europe.

Du côté québécois, CAE s'est bien débrouillée en annonçant une série de contrats d'un total de 115 millions de dollars pour la formation d'équipages de l'avion de transport C130J et en se taillant une place dans la liste de fournisseurs de la CSeries de Bombardier.

Par contre, le gouvernement québécois, habituellement très présent, n'a participé à aucune annonce au cours de la semaine. Quant au gouvernement fédéral, il était absent: les trois ministres fédéraux qui devaient participer à l'événement sont demeurés à Ottawa en raison d'un désaccord parlementaire avec le Bloc québécois.

Le Salon aéronautique du Bourget prend fin dimanche, mais en général, les affaires se brassent surtout pendant les premiers jours de l'événement.