En raison de la crise, Québec Air Force se fera un peu plus modeste que d'habitude lorsqu'il atterrira ce matin au Salon aéronautique du Bourget, en banlieue de Paris.

Il n'était cependant pas question de manquer ce rendez-vous.

«Il faut faire des ventes, lance Gilles Labbé, président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, un constructeur de trains d'atterrissage et d'aérostructures. Si on veut gagner des parts de marché, il faut vendre.»

Il explique qu'il est essentiel de rencontrer des clients pour faire progresser les dossiers et essayer de les transformer en contrats.

«Ce n'est pas que nous allons en annoncer à Paris, mais peut-être que d'ici à la fin de l'année, nous pourrons annoncer des contrats qui permettront de remettre nos gens au travail», déclare-t-il.

Héroux-Devtek n'a pas eu à faire de mises à pied massives, mais l'entreprise a quand même dû instaurer un programme de travail à temps partagé dans trois de ses quatre usines de la région montréalaise.

Au Bourget, l'équipe d'Héroux-Devtek sera un peu moins importante que d'habitude.

«Nous faisons comme tout le monde, nous réduisons nos dépenses», indique M. Labbé.

Taille réduite

Même les plus grands diminuent leur présence. Bombardier Aéronautique avait dépêché 240 personnes au dernier salon du Bourget, en 2007. Cette année, l'avionneur enverra 150 personnes. Il y a deux ans, l'entreprise avait installé sur le site du salon un petit pavillon consacré à la CSeries en plus de son chalet.

«Nous avons dû éliminer ce pavillon, mais ça demeure nécessaire d'aller au Bourget, déclare le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. C'est le plus grand salon aéronautique de l'année. Il faut être présent. C'est là que nous rencontrons nos clients, que nous tâtons le pouls de l'industrie. C'est un rendez-vous incontournable.»

Il ajoute que c'est l'occasion de montrer que le programme de la CSeries, cette nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places, va toujours de l'avant et qu'il ne connaît pas de retard.

«C'est important de passer le message à nos clients et à nos futurs clients», affirme-t-il.

Bombardier profitera du salon pour annoncer une nouvelle série de fournisseurs de la CSeries. L'entreprise a aussi confirmé hier une commande de 793 millions US du transporteur espagnol Air Nostrum (voir autre texte).

La présence de Bell Helicopter Textron Canada sera encore plus réduite que d'habitude: pour le constructeur de Mirabel, le salon spécialisé Heli-Expo est plus important que les grands salons généralistes comme le Bourget et Farnborough.

Le directeur du développement des affaires de Bell Helicopter Textron Canada, Michel Legault, fait cependant remarquer qu'une autre filiale de la multinationale Textron, le constructeur d'avions d'affaires Cessna, ne sera pas présente du tout. Bell Helicopter Textron Canada fera acte de présence notamment parce que son dernier rejeton, le Bell 429, fera des vols de démonstration. «Nous arrivons sur le marché avec le 429, c'est important de le montrer», affirme M. Legault.

Poursuivre les discussions

Le constructeur de simulateurs de vol CAE ne manquera pas non plus le rendez-vous de Paris. L'entreprise montréalaise surveillera de près l'état des commandes dans l'aviation civile puisque ce facteur a une influence directe sur les commandes de simulateurs. Elle entend aussi poursuivre les discussions avec les sociétés aériennes qui voudraient lui confier en sous-traitance la formation de ses pilotes.

CAE tire la moitié de ses revenus du secteur de la défense.

«Nous voulons poursuivre cette poussée et aller chercher de nouveaux contrats», déclare la vice-présidente de communications de CAE, Nathalie Bourque.

Pas question, donc, de demeurer à Montréal pour économiser des sous.

«Je pense qu'on économise en y allant parce que ça nous évite de devoir faire le tour du monde pour rencontrer nos clients», lance Mme Bourque.

Comme CAE et les autres entreprises, CMC Électronique a réduit la taille de sa délégation, mais elle sera présente. L'entreprise, qui se spécialise dans les antennes satellites et les instruments électroniques pour les postes de pilotage, entend procéder à quelques annonces, autant dans le domaine civil que militaire.

D'ailleurs, un système de gestion de vol fabriqué par CMC sera à bord du tout nouveau Superjet 100, un biréacteur régional russe qui fera son entrée officielle dans le monde des grands salons aéronautiques.

Une vingtaine de PME québécoises seront également de la partie au Bourget, soit presque le même nombre qu'au cours de salons précédents.

Parmi elles, Air Data fait preuve d'optimisme. La petite entreprise montréalaise a déjà fait savoir qu'une filiale de Safran installera son ordinateur de vol dans des hélicoptères modernisés.

«La crise, nous ne la sentons pas du tout, il y a des commandes qui arrivent, affirme Olivier Laville, vice-président aux ventes d'Air Data. Mais il faut dire que nous sommes surtout actifs du côté de la modernisation d'appareils.»