Air Canada a terminé le premier trimestre avec une perte nette de 400 millions de dollars. Son titre a terminé la journée d'hier avec une chute libre de 26% à la Bourse de Toronto pour clôturer à 1,33$.

Le nouveau grand patron d'Air Canada, Calin Rovinescu, n'a cependant pas l'intention d'avoir recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers pour restructurer l'entreprise. Il n'entend pas non plus procéder à des compressions et à des mises à pied massives. En fait, il a plutôt la tête à l'offensive.

 

Porter Airlines, en particulier, n'a qu'à bien se tenir. Le petit transporteur offre maintenant 14 vols quotidiens entre Montréal et Toronto, et devrait en rajouter quatre autres au cours des prochains mois.

«Nous ne pouvons pas avoir une situation où nous perdons notre part de marché de manière dramatique, a déclaré M. Rovinescu à La Presse Affaires, à l'issue de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise hier. Nous allons faire des efforts sur les marchés qui nous intéressent, comme Toronto-Ottawa-Montréal, et sur d'autres. Vous allez voir, dans les jours et les semaines qui s'en viennent, que nous allons faire des choses intéressantes sur ces marchés-là.»

Il a affirmé qu'Air Canada fera notamment valoir les avantages qu'elle offre et qui ne sont pas offerts par Porter Airlines, comme la classe affaires et le programme de récompense Aéroplan.

Air Canada commence également à éliminer les inconvénients qui ont pu faire fuir les clients, comme les frais liés à l'utilisation du centre d'appels de l'entreprise.

«Ma stratégie, c'est le client, a lancé M. Rovinescu. Nous faisons des modifications, et vite, pour s'assurer que nos politiques sont favorables aux clients, comparativement à ce que nous avions auparavant.»

Tempête

Air Canada traverse quand même une sérieuse tempête sur le plan financier. Les revenus liés au transport de passagers ont diminué de 13% pour s'établir à 2 milliards de dollars au premier trimestre. Le transport a notamment attribué cette glissade au ralentissement économique, à la baisse «considérable» des voyages d'affaires et à la concurrence au niveau des prix.

Par rapport au même trimestre de l'exercice précédent, Air Canada a réduit sa capacité globale de 10,3%. Le trafic a cependant diminué davantage, soit de 10,9%, ce qui a fait légèrement baisser le coefficient d'occupation.

Le transporteur a enregistré une perte d'exploitation de 188 millions au premier trimestre de 2009, comparativement à 12 millions au même trimestre de l'exercice précédent. La perte nette de 400 millions enregistrée au premier trimestre de 2009 comprend une perte de change de 101 millions.

Air Canada doit également faire face à un déficit actuariel de 2,9 milliards pour le régime de retraite de ses employés. L'entreprise a entrepris des négociations avec les syndicats au sujet du financement de ce déficit, mais M. Rovinescu a assuré hier qu'il n'était pas question de remplacer le régime à prestations déterminées par un régime à cotisations déterminées.

Des mises à pied massives ne sont pas non plus à l'ordre du jour.

«C'est une façon simpliste de faire face à la crise, a affirmé le président et chef de la direction d'Air Canada. Ça ne veut pas dire que nous n'allons pas réduire la capacité à certains endroits et procéder à certaines réductions, mais nous ne prévoyons pas des mises à pied massives ou de couper la compagnie en deux.»

M. Rovinescu n'entend pas non plus vendre certaines divisions, comme Vacances Air Canada, pour augmenter les liquidités de l'entreprise.

«Nous ne voulons pas endommager l'entreprise pendant cette période intérimaire, a-t-il expliqué. Nous voulons la garder complète pour que nous soyons bien positionnés une fois la récession passée. Avec notre nouvelle flotte, et tous les avantages que nous avons avec Aéroplan, nous aurons un avantage sur la concurrence.»

Il a affirmé qu'Air Canada pourra quand même réduire ses coûts de 250 millions d'ici 2011, notamment en renégociant les contrats avec ses divers fournisseurs.