La voiture électrique ne pourra pas se développer sur une grande échelle à moins qu'une batterie plus efficace et moins coûteuse à produire soit mise au point. C'est actuellement le chaînon manquant pour la commercialisation de véhicules non polluants.

C'est LA composante-clé, dit Michel Gauthier directeur général de Phostec, une entreprise de Saint-Bruno dont le produit pourrait révolutionner le transport électrique.

 

Ce produit, c'est le phosphate de fer et de lithium (LiFePO4) qui est à la fois performant, écologique et plus sécuritaire que les autres composés utilisés actuellement dans la fabrication de batteries destinées aux véhicules électriques.

Phostec produit actuellement 300 tonnes par année de cette poudre, qu'elle vend à des fabricants de batteries. Une deuxième usine est actuellement dans ses cartons, pour une production de 2500 tonnes par année.

Le procédé breveté de Phostec est issu des travaux de recherche d'Hydro-Québec, de l'Université de Montréal et de l'Université du Texas. L'entreprise appartient maintenant à 100% à une entreprise allemande, Sud-Chemie, dont le siège social est à Munich.

Le produit commercialisé par Phostec intéresse notamment Bathium, la filiale du Groupe Bolloré qui a racheté l'usine Avestor de Boucherville, un fabricant de batteries fondé par Hydro-Québec et revendu récemment à vil prix aux Français.

Ces batteries équiperont la voiture électrique produite par le Groupe Bolloré et l'Italien Pinnfarina, qui devrait être mise en marché simultanément en Europe, aux États-Unis et au Japon.

Des véhicules industriels

Un véhicule électrique pour usage industriel est sur le point d'être commercialisé par Precicad, une firme d'ingénierie de Québec. Le Kar-go est un véhicule léger résistant à la corrosion et dont l'autonomie est de 40 kilomètres. Il a été mis au point en collaboration avec l'aluminerie Alouette de Sept-Îles, qui en a commandé neuf. L'assemblage de ce nouveau véhicule se fait à Sept-Îles et à moyen terme, l'entreprise espère en produire 300 par année.

Voitures à basse vitesse

Deux autres véhicules électriques assemblés à Saint-Jérôme tentent de se faire une place dans des créneaux différents. La Zenn (pour zero emission no noise) est une petite voiture dont la vitesse est limitée à 40 kilomètres à l'heure et qui a déjà été adoptée par des municipalités et des livreurs de pizza. Nemo est un véhicule utilitaire qui peut transporter 1000 livres de charge utile et satisfaire les besoins de certaines entreprises. La Zenn et la Nemo peuvent rouler sur les routes du Québec, mais pas sur les autoroutes et les voies rapides.

Un moteur révolutionnaire

Le système de propulsion mis au point par Hydro-Québec et sa filiale TM4 poursuit sa route. Il est actuellement mis à l'essai par le géant indien Tata Motors en Norvège. Il s'agit d'une percée très encourageante pour TM4, selon Sylvain Castonguay, du Centre de transport avancé de Saint-Jérôme. Le système de propulsion d'Hydro-Québec pourrait aussi être bientôt mis à l'essai dans les autobus urbains comme celui qui est testé actuellement dans les rues du Vieux-Québec.

Et de la recherche

Des chercheurs du monde entier tentent actuellement d'améliorer le système de stockage d'énergie qui permettra au moteur électrique de remplacer le moteur à explosion en usage depuis plus d'un siècle. Au Québec, les chercheurs sont aussi à l'oeuvre. La Chaire de recherche du Canada en conversion de l'énergie électrique et en électronique de puissance de l'École de technologie supérieure s'intéresse aux systèmes de traction électrique pour le transport de passagers et compte parmi ses partenaires Bombardier transport et Hydro-Québec. La Chaire de recherche industrielle en stockage et en conversion de l'énergie de l'Université de Montréal travaille également à perfectionner les accumulateurs d'énergie dans le but de les produire à grande échelle. Ses travaux sont commandités par le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada et Phostech Lithium.