Christian Roy, spécialiste en études et en stratégies d'innovation chez Secor, est d'accord sur une chose: avec son électricité renouvelable, le Québec peut espérer une place de choix dans les nouveaux modes de transport.

Mais ce ne sera pas dans la voiture électrique, selon lui. Plutôt dans les batteries et les accumulateurs. «Il y a là une énorme grappe industrielle pour le Québec», assure-t-il.

 

«Notre grande force, c'est d'avoir une énergie stable. Le jour où la capacité de stocker et de transporter cette énergie va être au point, ça va changer la face du monde», dit-il.

Grâce à l'Institut de recherche d'Hydro-Québec, des progrès énormes se font dans l'amélioration des procédés de stockage de l'énergie, qui sont au coeur du développement des véhicules électriques.

Partout sur la planète, la course à la batterie plus efficace et moins coûteuse à produire est en cours.

«Le jour où les accumulateurs seront au point, les fabricants vont les prendre et les mettre dans leurs voitures qu'ils vont pouvoir vendre moins cher», prédit Christian Roy. Ce pourrait bien être une technologie mise au point au Québec, selon lui.

Le spécialiste ne croit pas que le Québec puisse attirer un constructeur de voitures électriques sur son territoire avec son électricité verte et pas chère. «L'électricité compte pour moins de 10% du coût de production d'une voiture», explique-t-il.

Le Québec n'a ni la main-d'oeuvre abondante, ni les réseaux de distribution nécessaires pour construire des voitures électriques, selon lui. Il ne deviendra pas non plus un intégrateur de composantes venues de partout dans le monde, comme Bombardier le fait avec les trains et les avions qu'il vend ensuite partout sur la planète. «Je ne vois pas un Bombardier de la voiture électrique au Québec», dit-il.

Même le secteur des composantes de voitures électriques échappera au Québec, au profit de pays comme le Mexique qui a une main-d'oeuvre plus abondante et moins chère, et le même accès au marché américain que le Québec.

L'expertise du Québec en matière de batteries peut être mise à profit, mais pas dans le secteur manufacturier, estime Christian Roy. «Tant mieux si on peut développer une industrie de l'automobile électrique, mais moi je n'y crois pas».

Créneau spécialisé

À la rigueur, Christian Roy pense qu'il est possible de développer des créneaux spécialisés et exportables, un peu comme les voitures à basse vitesse ZENN assemblées à Saint-Jérôme.

Sylvain Castonguay, du Centre de transport avancé de Saint-Jérôme, est aussi d'avis que certains créneaux sont prometteurs et plus accessibles. «Le Québec n'a pas les moyens d'attirer d'autres GM sur son territoire, mais de toute façon, il y a trop de capacité de production sur la planète», dit-il.

Par contre, un fabricant de batteries pourrait être intéressé par l'énergie québécoise propre et renouvelable, selon lui, de même que par les technologies mises au point au Québec (voir autre texte).

Dans le transport public (train et autobus), il y a pour le Québec une mine d'or à explorer.

Le Québec a déjà un manufacturier d'autobus, (NovaBus), il pourrait en attirer un autre. Des autobus urbains électriques, plus petits et plus fréquents, seront probablement accueillis par le marché plus rapidement que la voiture individuelle, croit-on.