Le président des Etats-Unis Barack Obama doit présenter lundi son plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine, qui devrait passer par une aide financière accrue de l'Etat soumise à des conditions strictes.

Le groupe de travail présidentiel spécial devait mettre au point au cours du week-end les derniers détails de ce plan en préparation depuis plusieurs semaines. L'heure de l'annonce officielle de lundi n'était pas encore connue dimanche à la mi-journée. Alors que l'opinion publique manifeste un fort scepticisme vis-à-vis des renflouements d'entreprises par l'Etat, M. Obama a adressé dimanche une nouvelle mise en garde aux constructeurs automobiles, manière de dire que l'aide de l'Etat n'allait pas de soi.

«Ils n'en ont pas encore fait assez» en terme de restructuration, a-t-il dit, dans une interview à la chaîne CBS, reconnaissant malgré tout les «efforts sérieux» entrepris par les constructeurs de Détroit, ville du Nord des Etats-Unis symbole de l'industrie automobile nationale.

Souffrant à la fois de la crise économique qui a fait chuter leurs ventes, mais aussi de leur inadaptation à la nouvelle demande du marché américain pour des modèles plus petits et consommant moins d'essence, Chrysler et General Motors (GM), deux des plus grands constructeurs américains, sont déjà sous perfusion de l'Etat.

Au bord de la faillite, ils ont été secourus par le gouvernement américain, qui leur a alloué une aide de 17,4 milliards de dollars au total sous forme de prêts depuis décembre. Mais celle-ci s'avère encore insuffisante, et les deux groupes demandent à l'Etat 21,6 milliards supplémentaires pour pouvoir survivre.

Faisant face lui aussi à des difficultés énormes, Ford, le troisième «Grand» de Détroit, a fait le pari de s'en sortir sans l'aide de l'Etat.

Jeudi, M. Obama avait signalé qu'il était prêt à débloquer plus d'argent pour le secteur, mais avait réclamé en retour une restructuration «douloureuse» et «drastique».

GM et Chrysler ont présenté au gouvernement le 18 février leurs plans de restructuration respectifs, mais il sont censés apporter la preuve de leur viabilité à long terme avant le 31 mars, conformément aux conditions imposées par le gouvernement précédent.

Selon le New York Times, M. Obama devrait étendre l'aide à court terme du gouvernement aux deux groupes, mais devrait «imposer une date butoir stricte» pour qu'ils parviennent à un accord avec leurs créanciers et les syndicats.

GM et Chrysler ont déjà signé des accords de principe avec le syndicat des ouvriers de l'automobile américains (UAW) pour réduire leurs coûts aux Etats-Unis.

Au Canada, General Motors a signé un accord similaire avec les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), mais Chrysler négocie toujours un accord d'autant plus crucial qu'il conditionne le déblocage d'une aide de 2,5 milliards de dollars promise par les autorités d'Ottawa et de la province de l'Ontario.

Les quelque 140 000 emplois chez GM et Chrysler ne sont pas seuls en jeu alors que le chômage vient d'atteindre un niveau record en 25 ans aux Etats-Unis. Avec les succursales et les sous-traitants, ce sont des millions d'emplois et l'avenir économique du Midwest qui sont menacés, disent les syndicats.

M. Obama lui même a reconnu la «nécessité de préserver l'existence d'une industrie automobile américaine», mais le gouvernement n'exclut pas que malgré l'aide de l'Etat, Chrysler ou GM puissent être contraints de devoir se restructurer sous la protection d'un juge des faillites.