Aéroports de Montréal se prépare à une perte d'altitude en 2009.

«Nous anticipons une baisse du nombre de passagers de 4 à 5% en 2009, a déclaré le président-directeur général de la société, James Cherry, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires hier. Nos budgets sont faits en fonction de ça.»

En 2008, près de 12,4 millions de passagers sont passés par l'aéroport Montréal-Trudeau, soit à peine 19 000 passagers de moins qu'en 2007. Il ne faut cependant pas croire que le nombre de passagers est demeuré stable toute l'année. En fait, il a grimpé de janvier à mai, pour amorcer un long mouvement de descente en juin. Aéroports de Montréal a enregistré les plus fortes diminutions en septembre (5,1%) et en novembre (4,7%). Cette tendance à la baisse devrait se poursuivre en 2009.

 

Pour l'ensemble de 2008, le trafic transfrontalier a diminué de 3,7%, alors que le trafic intérieur a diminué de 2,5%. C'est le trafic international qui a sauvé la mise avec une augmentation de 5,3% par rapport à 2007.

«Le voyage international est moins sensible, a affirmé M. Cherry. En plus, il y a beaucoup de gens qui ont changé de destination soleil: au lieu d'aller aux États-Unis, ils sont allés dans les Caraïbes ou en Amérique du Sud.»

Il a tenu à relativiser les choses, rappelant que la baisse du nombre de passagers qui avait suivi les événements du 11 septembre 2001 avait été beaucoup plus dramatique que la très légère diminution de 0,2% enregistrée en 2008, ou la baisse de 4 à 5% prévue pour 2009. Entre 2001 et 2002, le nombre de passagers a chuté de plus de 7% à Montréal-Trudeau.

Il a également rappelé qu'il y avait eu une correction tous les 10 ans, ou presque, avec le choc pétrolier de 1973, la récession de 1981, la première guerre du Golfe en 1991, l'éclatement de la bulle technologie et les événements du 11 septembre en 2001.

«Si on prend l'ensemble des chiffres, c'est une croissance moyenne d'environ 3% par année, a affirmé M. Cherry. C'est la croissance qu'on utilise pour notre planification. On ne prend pas comme hypothèse qu'on aura une croissance de 10%, on prend comme hypothèse que la croissance sera de 2,5 à 3% en moyenne sur une période de 20 ans.»

En dépit d'une légère baisse du trafic passager en 2008, les revenus d'Aéroports de Montréal ont augmenté de 12,9%, pour atteindre 362,2 millions. M. Cherry a notamment attribué cette situation à l'augmentation des frais d'amélioration aéroportuaire chargés aux passagers et à la hausse des revenus provenant des magasins et restaurants.

«Les gens ont dépensé davantage dans l'aéroport», a-t-il expliqué.

Le papier commercial adossé à des actifs (PCAA) a toutefois entaché les résultats d'Aéroports de Montréal. En 2007, la société avait enregistré une perte de valeur de 8,8 millions de dollars sur ces placements. En 2008, à la suite d'une nouvelle évaluation, Aéroports de Montréal a dû constater une perte de valeur supplémentaire de 17,1 millions de dollars. La société a terminé l'année avec un excédent de 15,9 millions (avant quote-part et radiation de placements), comparativement à une perte de 4,9 millions en 2007.

«C'est très dommage, parce que sans le PCAA, nous aurions connu la meilleure année de notre histoire, a déploré M. Cherry. C'est plus de 50% de notre bénéfice qui disparaît avec cette provision-là.»

Il a toutefois rappelé qu'Aéroports de Montréal n'était pas la seule organisation à subir les conséquences de la crise du PCAA. «C'est clair que c'est une mauvaise expérience, mais nous sommes en bonne compagnie, à ce que j'ai compris», a-t-il lancé.