L'aviation d'affaires est assiégée. Depuis que les dirigeants de General Motors (GM), Chrysler et Ford (F) ont chacun utilisé un biréacteur privé pour aller réclamer une aide financière à Washington, l'avion d'affaires est devenu la cible de toutes les attaques, le symbole des excès des entreprises, l'emblème du gaspillage éhonté.

Deux manufacturiers d'avions d'affaires, Cessna et Hawker Beechcraft, ont tenté une sortie avec des campagnes de publicité à l'intention de leurs clients.

 

Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] a préféré participer à une attaque concertée de toute l'industrie pour faire valoir les avantages de l'aviation d'affaires. Le manufacturier québécois a également choisi de communiquer personnellement avec ses clients afin de leur fournir les armes dont ils pourraient avoir besoin pour défendre l'utilisation d'un avion d'affaires.

«De plus en plus, il y a des gens à l'intérieur des entreprises qui remettent en question l'utilisation d'avions d'affaires, explique le porte-parole de Bombardier Avions d'affaires, Leo Knaapen. Et nous avons de plus petits clients qui, pour une raison ou une autre, ne sont pas capables de répondre aux questions des médias ou d'autres intervenants de l'extérieur de l'entreprise.»

Bombardier a préparé pour eux de la documentation qui expose les avantages généraux de l'aviation d'affaires. Elle est aussi prête à aider ses clients à évaluer les avantages spécifiques liés à l'utilisation de leurs appareils, qu'il s'agisse de gains d'efficacité ou d'occasions saisies au bon moment.

«Notre objectif est de leur fournir des outils de communications qui peuvent les aider dans leurs discours avec des interlocuteurs à l'interne ou à l'externe», explique M. Knaapen.

Le ralentissement économique frappe durement l'aviation d'affaires. Une étude de Robert Spingarn, de la firme Credit Suisse, montre que les vols effectués par les avions d'affaires aux États-Unis ont diminué de 28,5% entre janvier 2008 et janvier 2009. Au cours des derniers mois, les mises à pied se sont multipliées chez les manufacturiers d'avions d'affaires: 4600 chez Cessna, 2800 chez Hawker Beechcraft, 1200 chez Gulfstream et 1360 chez Bombardier. Embraer a également annoncé plus de 4000 mises à pied, mais celles-ci ne sont pas toutes liées au secteur de l'aviation d'affaires.

Polémique

C'est dans ce contexte que les dirigeants des trois grands de l'automobile ont déclenché une sérieuse polémique au sujet de l'aviation d'affaires en décollant tous les trois de Detroit à bord de leur avion respectif pour aller implorer l'aide de Washington.

«C'était un mauvais exemple d'utilisation, a déploré M. Knaapen. Ça a jeté une mauvaise lumière sur l'industrie.»

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. À leur comparution subséquente au Congrès, les présidents de GM, Chrysler et Ford ont laissé leurs avions au hangar pour prendre la route ou un vol commercial. La première version du projet de loi autorisant des prêts de 14 milliards de dollars US à l'industrie automobile américaine exigeait la vente des avions d'affaires des trois constructeurs, une exigence que le Congrès a finalement retirée avec bien peu d'enthousiasme.

Citigroup, qui devait recevoir 45 milliards US d'aide gouvernementale, a dû annuler une commande passée il y a trois ans pour un appareil Dassault Falcon 7X. Pour sa part, Bank of America, a annoncé la vente de trois de ses avions d'affaires, alors que Starbucks a mis en vente un Gulfstream tout neuf.

Flèche d'Obama

Dans son discours devant le Congrès, le 24 février, le président Barack Obama a envoyé une autre flèche en direction de l'aviation d'affaires.

«Les présidents ne pourront pas utiliser l'argent des contribuables pour regarnir leur chèque de paie, pour acheter des draperies luxueuses ou pour disparaître en biréacteur privé», a-t-il déclaré, déclenchant les applaudissements des congressistes.

Leo Knaapen a affirmé que dans le passé, l'industrie avait réussi à faire comprendre qu'un avion d'affaires était un outil, et non pas un jouet. Il faut maintenant tout recommencer.

«Comme la plupart des grands acteurs de l'industrie, comme Gulfstream, Dassault, Embraer, Honeywell, Rockwells Collins, GE [[|ticker sym='GE'|]], Pratt&Whitney, nous avons conclu que la meilleure façon de réagir était de mettre en place une bonne campagne de toute l'industrie, a déclaré M. Knaapen. Nous nous sommes impliqués avec la National Business Aviation Association (NBAA) et la General Aviation Manufacturers Association (GAMA) pour donner nos idées.»

La campagne comprend des interventions auprès des politiciens à Washington, des messages publicitaires à la télévision et dans les journaux et des séminaires sur l'internet destinés aux clients afin de les aider à justifier l'utilisation d'avions d'affaires.

 

Les arguments de l'industrie

> L'industrie de l'aviation d'affaires fournit du travail à 1,2 million d'Américains.

> 74% des vols effectués par des avions d'affaires servent à transporter des techniciens, des employés des ventes et des gestionnaires intermédiaires, et non pas des présidents d'entreprise.

> Les transporteurs commerciaux ont cessé de desservir près d'une centaine de villes de taille moyenne l'année dernière aux États-Unis.