L'armée américaine a commandé trois hélicoptères commerciaux Bell 407 fabriqués par Bell Helicopter Textron Canada, à Mirabel, pour les armer et les remettre à l'armée de l'air irakienne.

Ce contrat de 7 millions US ne serait cependant qu'un hors-d'oeuvre: le gouvernement irakien a exprimé l'intention de faire l'acquisition de 26hélicoptères Bell 407.

 

Une porte-parole de l'Army Aviation and Missile Command, à la base de Redstone Arsenal, en Alabama, a expliqué que l'armée américaine avait commandé les trois premiers hélicoptères pour vérifier s'il était possible de les modifier et les équiper selon les exigences de l'armée de l'air irakienne. Les Irakiens veulent en effet équiper ces appareils de lance-missiles et de mitraillettes.

La Defense Security Cooperation Agency a précisé que les 26 appareils ainsi armés aideront l'armée de l'air irakienne à entraîner son personnel et à acquérir la capacité nécessaire pour travailler à apporter la stabilité en Irak.

Le directeur du développement des affaires de Bell Helicopter Textron Canada, Michel Legault, a confirmé qu'un appareil avait déjà quitté Mirabel en direction des États-Unis dans le cadre de ce contrat et qu'un autre s'apprêtait à le faire.

Il s'agit d'appareils encore «verts», c'est-à-dire qu'ils ne sont pas peinturés et qu'ils n'ont que le strict minimum en fait d'intérieur.

Mais pour l'instant, Bell Helicopter ne sait pas si l'armée américaine commandera les autres appareils pour l'Irak, ni quel serait l'échéancier choisi.

«C'est vraiment de l'inconnu», a déclaré M. Legault.

En raison du ralentissement économique, Bell Helicopter vient d'entrer dans une zone de turbulences. Des clients ont annulé des commandes, d'autres ont demandé de reporter des livraisons. Résultat, Bell Helicopter s'est retrouvée avec un surplus d'inventaire et doit réduire sa cadence de production, ce qui se traduira par 500 mises à pied dans les mois à venir.

M. Legault a reconnu que la commande subite de l'armée américaine permettait de réassigner des appareils qui ne trouvaient pas immédiatement preneur.

«Parmi les hélicoptères que les clients ne prenaient pas nécessairement rapidement, on en a pris puis on a dit, OK, allez-y», a-t-il raconté.

Ce n'est pas la première fois qu'un client prend des appareils commerciaux de Bell Helicopter Textron Canada et les équipe pour une utilisation militaire. L'armée canadienne avait notamment procédé de cette façon en 1992 avec un Bell 412, ce qui avait généré des ventes semblables au Royaume-Uni, en Arabie Saoudite, en Finlande, en Thaïlande et au Chili.

De même, l'armée américaine avait octroyé en 2005 à Bell Helicopter un énorme contrat pour 512 appareils Bell 407 qu'elle entendait militariser pour des missions d'attaque et de reconnaissance (ARH). Toutefois, les coûts du programme ont explosé: les coûts de développement sont passés de 359 millions US à 942 millions US, alors que la date de la première livraison a glissé de 2009 à 2013.

M. Legault a expliqué que les militaires avaient voulu ajouter des fonctions et des éléments additionnels aux appareils, mais que le budget n'arrivait pas à suivre. Conséquence, le Pentagone a fait savoir en octobre dernier qu'il mettait fin au programme et il a demandé à l'armée américaine de définir un programme plus cohérent et plus discipliné.

Bell Helicopter aimerait bien remettre la main sur le nouveau contrat d'ARH, mais elle devra faire face à la concurrence d'Eurocopter et de Boeing.