Frappée par la crise du crédit et la faiblesse de l'économie, l'industrie du nautisme s'attend à une baisse des ventes.

Ça va brasser, reconnaît à La Presse Affaires Yves Paquette, directeur général de l'Association maritime du Québec (AMQ), qui a ouvert hier à Montréal le Salon du bateau et des sports nautiques. «Ça risque d'être rock&roll, mais moins qu'en Ontario», toutefois, dit-il.

Les ventes d'embarcations ont baissé de 10% à 20%, sauf dans le haut de gamme, au dernier salon du bateau de Toronto, indique Yves Paquette. «C'est important, mais pas tragique, assure-t-il, après sept ans de hausses des ventes.»

 

Le directeur concède que le dernier Salon de l'auto de Montréal a vu son affluence reculer de plus de 9%, mais il espère seulement une baisse légère dans le bateau.

«À Toronto, le salon du bateau a été plus touché à cause des déboires de l'industrie de l'auto, explique-t-il, mais le Québec souffre aussi de la crise du crédit et des pertes d'emplois. Le moral des gens de bateau demeure bon, mais tous sont réalistes et essaient de s'adapter.»

L'an dernier, les amateurs de nautisme ont profité d'un huard fort pour acheter des embarcations fabriquées aux États-Unis, devenues moins chères. Cette année, le dollar faible va nuire, mais pas de façon majeure, croit par contre Yves Paquette. Près de 150 exposants présentent plus de 400 embarcations au salon 2009, qui en est à sa 10e présentation et qui se diversifie. Il y a bien un bateau de 52 pieds, de près de 1 million de dollars, mais d'autres aussi de 100 000$ et même de 1000$ (kayaks) à 15 000$. Le nautisme se démocratise, selon le directeur, la planche à voile reprend de la popularité.

Les vrais amateurs «ne veulent pas se priver du plaisir de l'eau, quitte à se contenter à l'occasion de se baigner et de pêcher, selon Yves Paquette. Le Québec compte près d'un million d'adeptes du nautisme, avec plus de 800 000 embarcations. Le nautisme a des retombées de 5 milliards de dollars au Québec, dont 25% dans le tourisme».

Le directeur «espère une éclaircie dès le printemps», grâce aux programmes de relance, et il n'écarte pas que les gens de bateau sabrent des dépenses discrétionnaires, pour continuer à pratiquer leurs loisirs préférés, «mais sans se faire d'illusions».

Tout de même, des entreprises «proposent des forfaits, mais qui ne compensent pas pour tout. Des constructeurs américains de bateaux adaptent leurs prix à la conjoncture. Par ailleurs, les marinas s'ouvrent à d'autres sports nautiques. Ainsi, les activités ne baisseront pas, même si la valeur des transactions recule.

En outre, grâce à sa diversification, «l'industrie nautique va sortir enrichie de la récession», croit Yves Paquette. Les nouvelles stations nautiques du Québec, comme celle de la Rive-Sud, vont aider, avec leurs activités multiples, dit-il.

Et la clientèle des marinas du Québec ne baisse pas, selon lui. «Des Ontariens veulent venir naviguer au Québec, voir les baleines au Saguenay, mais le Québec n'est pas immunisé», ajoute le directeur.

Par rapport à 28 000 visiteurs au salon du bateau de l'an dernier, Yves Paquette s'attend à 25 000 ou 30 000 visiteurs cette année, qui voudront non seulement voir de belles embarcations, mais aussi des défilés de mode (dont des maillots) et assister à des conférences.