Un A380 pour la Maison Blanche? L'improbable scénario est définitivement passé à la trappe mercredi, Airbus et sa maison mère EADS ayant renoncé à concourir pour remplacer le célèbre appareil présidentiel américain Air Force One, laissant son rival Boeing (BA) seul en lice.

L'armée de l'Air américaine compte remplacer les deux super jumbos Boeing 747 composant la flotte présidentielle par trois longs-courrier devant être livrés à partir de 2017.

«Les 747-200 ayant été retirés des flottes commerciales, les pièces détachées et la maintenance deviennent de plus en plus coûteuses», fait valoir l'Air Force.

Malgré la haute valeur symbolique de ce marché, la compétition était ouverte, et EADS, soucieux de décrocher des contrats aux États-Unis, était sur les rangs.

La branche américaine du groupe européen d'aéronautique et défense avait fourni des informations techniques à l'Air Force en 2007 sur plusieurs appareils de la gamme Airbus, dont l'avion géant A380, lors de la phase initiale d'analyse, avant de finalement jeter l'éponge mercredi.

«A l'issue d'un examen attentif, nous avons jugé que participer au programme AF-1 ne nous permettrait pas de remplir les objectifs de l'entreprise», consistant à «élargir notre présence industrielle aux États-Unis et créer des emplois», a déclaré un porte-parole d'EADS North America, Tim Paynter, en soulignant notamment le faible volume de la commande.

Pour certains observateurs, le contrat était de toute façon hors de portée d'un constructeur étranger.

«Le président américain ne voyagera qu'avec un avion américain pour une question d'image. C'était un peu perdu d'avance», a expliqué à l'AFP une source européenne proche de l'industrie.

Un maigre espoir était pourtant permis: contre toute attente, c'est un hélicoptère italo-britannique, l'AgustaWestland EH101, qui a été choisi pour renouveler la flotte présidentielle baptisée Marine One.

L'annonce d'EADS, qui intervient quelques heures avant l'arrivée à échéance mercredi soir de la demande d'information (Request for Information) de l'US Air Force, devrait permettre à Boeing de continuer à être le fournisseur officiel de la Maison Blanche.

«Nous prévoyons de répondre à la demande d'information du gouvernement», a déclaré un porte-parole de l'avionneur américain, Jarrod Bartlett.

Le Boeing 707 mis au service du président américain dans les années 1960 a été utilisé par John Kennedy et ses successeurs, jusqu'en 1998. Un autre Boeing a été introduit dans la flotte sous la présidence Nixon dans les années 1970. Les 747 spécialement configurés pour les besoins de la mission présidentielle ont pris le relais en 1990.

Selon Aviation Week, Boeing envisage désormais de proposer son gros porteur de nouvelle génération 747-8 et son long-courrier de moyenne capacité 787.

En faisant le choix de se retirer de la compétition, EADS échappe probablement à une féroce bataille politique au Congrès. L'an dernier, des parlementaires américains avaient vertement critiqué l'armée de l'Air pour avoir accordé un méga-contrat de 35 millions de dollars au tandem Northrop Grumman-EADS pour 179 avions ravitailleurs, au détriment de Boeing.

Mais depuis, l'appel d'offres a été remis en jeu en juillet après une contestation de Boeing devant la Cour des comptes américaine.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a indiqué mardi espérer relancer l'appel d'offres au printemps, devant aboutir à la conclusion d'un contrat début 2010.

«Nous avons gagné une fois et nous gagnerons de nouveau», a réagi mercredi le port-parole d'EADS North America.