Le Salon de l'auto de Montréal, dont le démantèlement a été terminé la nuit dernière, a perdu près de 10% de ses visiteurs comparativement à ceux de 2008.

L'affluence n'a totalisé que 186 320 amateurs, soit 9,1% de moins que les 204 943 de l'année précédente, précise Denis Dessureault, directeur général du salon.

 

L'ampleur de la baisse peut surprendre, car l'industrie a terminé l'année avec une baisse des ventes au Canada de seulement 1,1%, à 1,65 million de véhicules, et même avec une hausse de 5,2% au Québec (428 016), selon le consultant Dennis DesRosiers. Il faut ajouter que l'année a mal fini, avec une chute des ventes de 21,2% au Canada en décembre dernier, mais de 9,8% au Québec, ce qui se compare à l'affluence du Salon.

«On a espéré que les gens viennent rêver au Salon, mais la récession a frappé», reconnaît Denis Dessureault.

À Detroit, le Salon a aussi accusé une chute de 9% de l'affluence, note Denis Dessureault, qui ne se plaint pas trop, malgré tout.

Espoir

«Le Salon a attiré plus d'acheteurs que de voyeurs, parce que le parc d'autos vieillit», lance Jean-Claude Gravel, président du groupe de concessionnaires du même nom. «Un sondage a montré que 38% des visiteurs veulent acheter d'ici 12 mois, ce qui se compare à l'an dernier», souligne Denis Dessureault. «Les représentants des concessionnaires BMW, Audi et Toyota du Groupe Park Avenue ont pu discuter au Salon avec des visiteurs voulant remplacer leurs véhicules le printemps prochain», renchérit le président, Norman Hébert.

«Des vendeurs du Groupe Gravel Auto ont craint d'entendre parler des difficultés financières de GM, mais non. Ils sont sortis du Salon avec les coordonnées de 20 à 25 acheteurs intéressés, chacun», indique Jean-Claude Gravel.

Le président de Gravel Auto s'attend quand même à une baisse des ventes de 10% cette année. Quant à Norman Hébert, il «demeure optimiste. La quatrième semaine de janvier, au lendemain du Salon, commence de bien meilleure façon que les trois autres».

Jean-Claude Gravel compte sur le nouveau président américain Barack Obama pour ramener la confiance aux États-Unis, et Norman Hébert, sur le budget d'Ottawa et sa contribution à la relance. «D'ailleurs, la confiance est déjà à la hausse au Canada», dit-il.

Durant cette tempête économique, 52% des concessionnaires canadiens croient que la valeur de leur entreprise baissera, mais 75% veulent rester en affaires dans l'automobile, selon le dernier sondage annuel sur le secteur réalisé par les comptables de PricewaterhouseCoopers et DesRosiers Automotive Consultants.

Si ce n'est pas le temps de vendre leurs concessions, selon 90% des répondants, à cause de la rareté du capital et des acheteurs, 36% en achèteraient d'autres, s'ils trouvaient le financement. L'année s'annonce difficile, mais les concessionnaires pensent au long terme et 35% veulent renforcer leur équipe de gestionnaires, pour sabrer les coûts et augmenter les revenus, selon le sondage.

Problèmes plus aigus

Du côté de la production d'autos nord-américaine, les problèmes sont plus aigus. Non seulement les ventes aux États-Unis ont dégringolé l'an dernier de 18%, à 13,2 millions, mais la production nord-américaine doit encore reculer au niveau d'un peu plus de 10 millions durant deux ans, estime Dennis DesRosiers.

Par ailleurs, les usines syndiquées nord-américaines ne vont livrer que 6,3 millions de ces véhicules en 2009, soit même pas la moitié des 14,5 millions de 1999, selon le consultant. Déjà l'an dernier, la production syndiquée nord-américaine s'est limitée à 8 millions d'unités. De 80% en 1995, la production nord-américaine des travailleurs syndiqués a chuté à 49,9% l'an dernier. Les chefs syndicaux dénoncent près de 30 usines nord-américaines non syndiquées et demandent des contrôles à la frontière, note Dennis DesRosiers.