L'action de la Banque Laurentienne a clôturé à son plus faible niveau depuis février 2016, mercredi, au lendemain d'une mise à jour de l'institution financière sur ses hypothèques problématiques, ce qui devrait faire grimper la facture des rachats à plus d'un demi-milliard de dollars.

À la Bourse de Toronto, le titre a terminé à 45,38 $, en baisse de 2,22 $, ou 4,66 %. En cours de séance, l'action a temporairement touché un creux annuel de 44,60 $.

Dévoilées en décembre dernier, ces irrégularités pourraient finalement coûter entre 508 millions et 533 millions à la septième banque en importance au pays. Si cette somme ne semble pas inquiéter les analystes, certains estiment néanmoins que cette affaire soulève des enjeux d'ordre opérationnel.

«L'équipe de direction estime que cette situation sera derrière nous lorsque nous aurons terminé le travail, a assuré le président et chef de la direction de la Laurentienne, François Desjardins, mardi soir, au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes. Il n'y a rien qui nous laisse croire que nous devrons procéder à des rachats supplémentaires.»

Si l'entente conclue avec un tiers acheteur ayant acquis des prêts révélés problématiques s'accompagne d'une facture de 295 millions - soit 9 millions de moins que prévu -, la Laurentienne n'est pas tout à fait au bout de ses peines.

La banque estime qu'elle devra racheter entre 125 millions et 150 millions de plus en prêts hypothécaires vendus au programme de titrisation de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). À la fin du deuxième trimestre, la Laurentienne devait avoir racheté pour 88 millions $ de prêts irréguliers auprès de l'organisme fédéral, ce qui avait déjà été annoncé.

Robert Sedran, de CIBC Marchés mondiaux, pense que le problème est davantage d'ordre opérationnel que financier. Il a néanmoins abaissé sa «sous-performance» sa recommandation pour l'action en plus de faire passer de 55 $ à 49 $ son cours cible.

«Toutefois (ces problèmes) vont constituer une distraction en plus de monopoliser des ressources au cours des prochains mois», a écrit l'analyste dans une note envoyée par courriel.

De son côté, John Aiken, de Barclays Marchés des capitaux, a qualifié de «déception notoire» pour le marché l'annonce des nouveaux rachats auprès de la SCHL. Selon l'analyste, cette situation n'aidera pas à redonner un élan au titre de la Laurentienne à court terme.

Nouveaux problèmes

C'est par l'entremise d'un audit réalisé au deuxième trimestre que l'organisme fédéral a observé des problèmes similaires à ceux identifiés au quatrième trimestre de 2017, étant donné que certains prêts hypothécaires ont été assurés par inadvertance alors qu'ils ne respectaient pas ses critères d'admissibilité.

Les problèmes, originalement détectés par le tiers acheteur, entouraient notamment la documentation, comme des fausses déclarations faites par des clients. Selon la Laurentienne, les problèmes en question étaient surtout liés à des prêts qui avaient été mal identifiés. La banque n'a rien trouvé qui puisse lui laisser croire qu'il s'agissait d'actes malveillants.

«Nous avons appris que les décisions administratives et les processus de documentation étaient tout aussi importants que de faire de bon choix en matière de crédit», a analysé le grand patron de l'institution financière.

En raison des nouvelles irrégularités découvertes par la SCHL, la Laurentienne a entamé un examen exhaustif de l'ensemble des prêts hypothécaires de B2B Banque et des prêts hypothécaires accordés, qui totalisent environ 5,16 milliards.

L'évaluation devrait être achevée avant la fin de l'exercice, qui se termine le 31 octobre.

«Il faut physiquement ouvrir les dossiers pour les examiner, a dit M. Desjardins pour justifier la durée du processus. Il s'agissait d'erreurs humaines qui ont fait en sorte que les dossiers concernés n'ont pas été identifiés correctement.»

Beaucoup de questions

Par ailleurs, malgré une entente entre la Laurentienne et le tiers acheteur non identifié, celui-ci ne fera que «considérer des achats futurs» de prêts hypothécaires. À plus d'une reprise, les analystes ont demandé au patron de la Laurentienne pourquoi cet engagement n'était pas plus ferme.

De plus, chaque transaction devra faire l'objet d'un audit préalable sur les hypothèques concernées, ce qui, selon M. Desjardins, est normal.

«Nous croyons que c'est à l'avantage des deux parties, a-t-il répondu à une question. Les risques seront moins élevés puisqu'il y aura eu au préalable une vérification.»

La Laurentienne doit dévoiler ses résultats du deuxième trimestre vendredi.