Dans le but de soutenir la croissance des petites et moyennes entreprises et de maintenir la propriété québécoise de fleurons, le Mouvement Desjardins lance un fonds d'investissement dont les engagements pourraient atteindre 500 millions de dollars d'ici cinq ans.

Le fonds Desjardins Capital PME sera doté d'une enveloppe de 100 millions de dollars provenant de Gestion privée Desjardins et Desjardins Capital au cours de sa première année d'existence.

Ainsi, la coopérative financière pourrait par exemple cibler des entreprises qui génèrent un chiffre d'affaires de «plusieurs centaines de millions» de dollars et qui ne sont pas nécessairement de «grandes sociétés internationales», a expliqué son président et chef de la direction, Guy Cormier.

«Souvent, on ne connaît pas (ces PME) et à un certain moment, les propriétaires atteignent un âge où ils souhaitent transférer leur entreprise, a-t-il expliqué, jeudi, au cours d'une conférence téléphonique. C'est parfois à ce moment qu'elles peuvent être achetées par des sociétés étrangères.»

À son avis, Desjardins peut intervenir, notamment en prenant une position majoritaire dans l'actionnariat pour ensuite dénicher l'équipe de direction adéquate pour maintenir le siège social de la compagnie en question dans la province.

Ce nouveau fonds vise également à fournir une forme de capital de risque à de plus petites PME qui caressent des ambitions de croissance, que ce soit à l'international ou non.

Initialement, Desjardins prévoit des prises de participation sous forme de capital-actions ou de dette subordonnée pouvant osciller dans une fourchette de 100 000 $ à 10 millions $, a-t-on précisé.

Les investissements s'effectueront par l'entremise des actifs des clients de Gestion privée Desjardins - qui se spécialise dans la gestion de portefeuille - ainsi que de Desjardins Capital.

Interrogé, M. Cormier a affirmé que les investisseurs au sein de la coopérative financière étaient toujours intéressés à diversifier leur portefeuille en ayant accès à de nouvelles catégories d'actifs.

«Il y a aussi beaucoup d'épargnants et d'investisseurs qui nous passaient le message à l'effet qu'ils aimeraient contribuer au développement économique du Québec en plus d'investir dans des entreprises québécoises», a-t-il affirmé.

Les yeux sur l'Europe

Parallèlement au nouveau fonds destiné aux PME, Desjardins a également conclu un partenariat avec la société française Groupe Siparex, spécialisée dans le financement de projets de développement et de transfert d'entreprises.

En plus d'investir, les deux institutions épauleront les entreprises et québécoises qui ambitionnent de croître de l'autre côté de l'Atlantique.

«Nous voulons jouer un rôle d'accompagnement financier, donner confiance aux entreprises et faciliter les contacts afin de générer de la croissance organique», a expliqué le président du Groupe Siparex, Bertrand Rambaud.

Desjardins et son partenaire français souhaitent injecter plus de 100 millions $ à court terme, mais cet objectif pourrait doubler dans un horizon pas si lointain, a indiqué M. Cormier. Celui-ci n'a pas fermé la porte à la possibilité que d'autres investisseurs se joignent éventuellement à l'aventure.

M. Rambaud a expliqué que Siparex avait déjà identifié des entreprises françaises intéressées à mettre le pied au Québec, évoquant au passage les secteurs de l'aéronautique ainsi que de l'automobile. Des annonces pourraient avoir lieu bientôt.

Le mouvement coopératif québécois affirme que les entrepreneurs québécois avaient lancé le signal que l'entrée en vigueur provisoire de l'Accord économique global entre le Canada et l'Union européenne le 21 septembre rendait encore plus attrayants les marchés européens.

«L'Europe représente un marché de plus de 700 millions de personnes, a souligné M. Cormier. En même temps, nous sommes tous très conscients qu'il y a un certain contexte d'incertitude en ce qui a trait à nos échanges avec nos voisins du sud.»

Créé il y a 40 ans, le Groupe Siparex a un actif sous gestion d'environ 1,8 milliard d'euros. Outre le Vieux-Continent, la société est présente au Canada ainsi qu'en Afrique du Nord.