Les cinq hauts dirigeants de la Banque Laurentienne ont obtenu 8,4 millions en rémunération totale pour l'exercice 2016, lit-on dans la circulaire de direction que la banque envoie ces jours-ci à ses actionnaires, en préparation de l'assemblée annuelle du 1er mars.

Et, à première vue, ce montant s'avère inférieur de moitié au montant de 16,8 millions en rémunération totale lors de l'exercice précédent parmi les hauts dirigeants de la banque.

Toutefois, le montant de 2015 était gonflé des 6,4 millions en indemnités de départ spéciales qui avaient été consenties au président sortant Réjean Robitaille.

En excluant ces indemnités et d'autres avantages sociaux, la « rémunération directe » en salaire et primes diverses des hauts dirigeants de la Laurentienne en 2015 s'était élevée à 8,09 millions. Pour l'exercice 2016, le montant comparable s'avère inférieur de 6 %, à 7,58 millions.

Durant l'exercice 2016, aussi, quatre des cinq principaux dirigeants de la Laurentienne en étaient à leur première année complète en poste, dont le président et chef de la direction François Desjardins.

Sa rémunération pour cette première année a totalisé 2,99 millions, légèrement inférieure aux 3,1 millions obtenus lors de sa dernière année comme vice-président exécutif de la banque et président de la filiale B2B de services aux courtiers et conseillers financiers.

Mais en ne considérant que la rémunération directe de M. Desjardins, la somme de 2,99 millions qu'il a obtenue en 2016 est deux fois plus élevée que celle de 1,4 million obtenue en 2015, avant qu'il accède à la présidence.

MOINS QUE SON PRÉDÉCESSEUR

En contrepartie, la rémunération totale de François Desjardins durant sa première année en tant que président, soit 2,99 millions, s'avère inférieure au montant comparable de 3,3 millions de son prédécesseur, Réjean Robitaille. C'est ce montant, additionné des 6,4 millions en indemnités de départ spéciales, qui avait propulsé la rémunération totale de M. Robitaille à 9,7 millions en 2015, lors de sa dernière année à la présidence.

Une telle rémunération avait suscité des critiques lors de l'assemblée des actionnaires subséquente, en avril 2016. La Banque Laurentienne s'est retrouvée avec le plus haut taux de votes d'opposition de ses actionnaires envers la rémunération des dirigeants parmi les sept plus grandes banques canadiennes, soit 8,70 % contre une moyenne de 6,17 % parmi les banques.

VOTE

D'ailleurs, le regroupement d'actionnaires activistes MEDAC entend revenir à la charge à la prochaine assemblée des actionnaires de la Laurentienne, le 1er mars.

Avec une autre « proposition d'actionnaires » qui sera soumise au vote, le Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) demandera au conseil d'administration de la banque de « divulguer les correctifs apportés à sa politique de rémunération » en suivi des votes d'opposition des assemblées précédentes.

Dans la circulaire de direction, le conseil d'administration, présidé par Isabelle Courville, ex-dirigeante chez Hydro-Québec et Bell Canada, recommande aux actionnaires de voter contre la proposition du MEDAC. Le conseil affirme s'être déjà « engagé à ajuster ses pratiques de rémunération pour répondre aux préoccupations des actionnaires ».

Enfin, fait inusité pour une banque québécoise, l'assemblée de la Laurentienne aura lieu à Toronto pour la deuxième année consécutive. Aussi, selon la circulaire de direction, le nouveau président de la banque François Desjardins inscrit encore Toronto comme sa ville de résidence principale, comme à l'époque où il présidait la filiale B2B.

PHOTO ALAIN ROBERGE, archives LA PRESSE

François Desjardins, président de la Banque Laurentienne

Infographie la presse

La Banque Laurentienne en Bourse