Goldman Sachs a nommé mercredi un duo pour préparer la succession de son PDG Lloyd Blankfein, après l'entrée de son dauphin présumé dans le gouvernement Trump, sans toutefois déterminer sa stratégie future en pleine mutation du secteur bancaire aux États-Unis.

David Solomon, 54 ans, et Harvey Schwartz, 52 ans, ont été promus codirecteurs délégués et prendront leurs fonctions dès le 1er janvier 2017.

La promotion de ce duo ne résout pas pour autant la problématique sur la stratégie future de la firme, symbole de la puissance de Wall Street et revenue sur le devant de la scène après la crise financière.

M. Blankfein, 62 ans, ancien courtier qui semble avoir vaincu un cancer diagnostiqué l'an dernier, n'est pas prêt à lâcher les commandes prises en 2006. C'est cette détermination qui a eu raison de la patience de Gary Cohn, son ancien bras droit depuis dix ans, selon les analystes.

M. Solomon, ancien de la banque Bear Stearns ayant intégré Goldman Sachs en 1999, codirigeait jusqu'à présent la division de banque d'investissement chargée de conseiller les entreprises dans leurs opérations de fusions-acquisitions. Cette division est devenue très importante depuis 2011 et l'encadrement strict des activités de courtage, force traditionnelle de Goldman Sachs. Ses revenus n'ont cessé d'augmenter depuis et ont plus que doublé en cinq ans.

Harvey Schwartz était devenu directeur financier en 2013, après avoir dirigé la division de produits financiers de 2008 à 2013. Il n'est toutefois pas un courtier.

Flambée de l'action

Ce n'est pas la première fois que Goldman Sachs élève deux responsables pour partager les fonctions de numéro deux de la banque. Ceci était déjà arrivé par le passé puisque Gary Cohn avait déjà partagé ces fonctions avec Jon Winkelried de 2006 jusqu'à la crise financière.

Ces nominations interviennent à un moment important pour Goldman Sachs, qui a rétabli sa réputation passablement écornée après la crise financière. La banque semble aussi avoir largement bénéficié de la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine le 8 novembre dernier.

La firme a vu des anciens dirigeants propulsés à des premiers rôles dans la nouvelle administration avec Steven Mnuchin, comme secrétaire au Trésor, Steven Bannon conseiller stratégique à la Maison-Blanche et Gary Cohn, directeur du Conseil économique.

Goldman Sachs profite également la grande gagnante du démantèlement annoncé par le président élu de la loi financière Dodd-Frank, notamment la disparition anticipée de la règle Volcker limitant la prise de risque et la spéculation.

Son action a gagné plus de 31% en Bourse depuis l'élection présidentielle, soit 23,8 milliards de dollars de plus pour sa capitalisation boursière. Goldman Sachs est ainsi le premier moteur (20% de contribution) des records de l'indice vedette de la Bourse de New York, le Dow Jones.

Les investisseurs font le pari que les recettes générées par les courtiers de la firme vont de nouveau exploser en l'absence de règlementation stricte.

La nomination d'un banquier d'affaires et d'un dirigeant issu des salles de marché montre toutefois que Goldman Sachs n'a toujours pas choisi de stratégie contrairement à sa rivale Morgan Stanley, qui a décidé de donner la priorité à la gestion de grosses fortunes et d'actifs au détriment du courtage.

Tout en continuant de privilégier le courtage et la banque d'investissement, Goldman Sachs s'est également tournée ces derniers mois vers la banque de détail et investit dans les technologies comme le «blockchain».

Le Blockchain, registre de transactions numérique, est un protocole informatique qui s'apparente à une gigantesque base de données publiques, sécurisée et partagée, où sont inscrites des opérations financières.

L'établissement, qui se définit désormais comme un groupe «technologique», a créé des applications -- Athena et Zephyr -- permettant à ses puissants clients d'effectuer directement des opérations et de placer des ordres de Bourse.

Signe de la montée en puissance de la technologie à l'heure où les «Fintech» (nouvelles technologies dans la finance) veulent chambouler la banque, Goldman Sachs a fait de Martin Chavez, l'actuel responsable des ingénieurs, son nouveau directeur financier.