La banque néerlandaise ING a prévenu lundi qu'environ 7000 emplois seraient menacés dans les cinq prochaines années, principalement en Belgique et aux Pays-Bas, en raison d'un programme de réduction des coûts annuels d'environ 900 millions d'euros.

La banque néerlandaise ING a prévenu lundi qu'environ 7000 emplois seraient menacés dans les cinq prochaines années, principalement en Belgique et aux Pays-Bas, notamment une conséquence de la numérisation des banques à l'ère des nouvelles technologies.

«En tout, environ 7000 postes pourraient être affectés par ces effets dans les cinq prochaines années, dont 950 postes chez les fournisseurs extérieurs», annonce le groupe dans un communiqué, soulignant que ces chiffres étaient le résultat d'un programme de réduction des coûts annuels d'environ 900 millions d'euros (un euro = 1,47$ CAD).

Dans le détail, le groupe prévoit la réduction d'environ 3500 emplois à temps plein en Belgique et environ 2300 aux Pays-Bas entre 2016 et 2021.

Le groupe se dit confronté, comme les autres banques, «au poids des régulations bancaires et à une période prolongée de taux d'intérêt ultra-bas», qui font pression sur ses rendements financiers.

Sauvée par l'État néerlandais au coeur de la crise financière de 2008, ING a donc décidé d'investir 800 millions d'euros d'ici à 2021 dans le cadre de sa transformation digitale pour s'adapter aux nouveaux besoins des clients qui utilisent de plus en plus les nouvelles technologies. Un investissement qui va permettre, selon le communiqué, de «continuer à élargir notre activité client et diversifier nos revenus».

«Mais chaque emploi qui disparaît est naturellement un de trop», a réagi le directeur général d'ING Ralph Hamers à la radiotélévision publique néerlandaise NOS.

Pour ces suppressions de personnel, ING, qui emploie 52 000 personnes dans quarante pays, va passer une «provision d'environ 1,1 milliard d'euros, dont 1 milliard au quatrième trimestre 2016».

La banque traditionnelle en mutation

Aux yeux des experts, cette décision est parfaitement «explicable» à l'ère des nouvelles technologies. «La banque traditionnelle devrait se réduire considérablement», d'après Thomas Cool, consultant en économétrie interrogé par l'AFP.

ING a, ces trois dernières années, «investi lourdement dans la numérisation, avec succès», a expliqué M. Hamers auprès de NOS. «Nous avons ainsi reçu trois millions de nouveaux clients et réuni 56 milliards de crédit supplémentaire.»

Dans le cadre de leur numérisation, ING et ABN Amro, troisième plus grande banque néerlandaise, avaient d'ailleurs déjà annoncé la suppression sur les trois prochaines années de quelque 1700 emplois pour la première en novembre 2015 et de 1375 pour la seconde le mois dernier. Une tendance qui devrait donc se poursuivre.

Cotée à la Bourse d'Amsterdam, la banque ING cédait 0,46% à 10,94 euros à la mi-journée au sein d'un indice AEX en hausse de 0,31% à 453,75 points.

«Je ne pense pas que les marchés réagiront fortement: 7000 emplois, c'est un petit nombre pour l'économie et l'entreprise elle-même», a analysé M. Cool. «En réalité, les investisseurs pourraient penser que c'est mieux pour la rentabilité.»

Si ce chiffre est jugé peu élevé par le monde financier, pour le monde du travail, il s'agit d'un véritable «bain de sang social», d'après les syndicats belges.

En Belgique, où «l'intention est de rationaliser le réseau en fusionnant les branches ING et Record Bank», une grève est attendue pour vendredi, d'après l'agence de presse belge Belga. Et le front commun syndical, qui privilégie un «mouvement émotionnel», va appeler le personnel à interrompre le travail dès lundi.

La centrale syndicale néerlandaise (FNV) appelle de son côté ING à «opter pour l'innovation et de vrais emplois».

«Nous veillons à ce que la suppression d'emplois permanents ne mène pas à une augmentation du nombre d'emplois temporaires», a réagi dans un communiqué le dirigeant de FNV Finance Gerard van Hees. «Nous appelons ING à une réorganisation sociale acceptable, comme des départs volontaires pour les employés.»

ING a quasiment multiplié par quatre son bénéfice net au deuxième trimestre 2016, à 1,30 milliard d'euros suite à la vente de son ancienne filiale néerlandaise d'assurance NN Group.