Plusieurs des grandes banques canadiennes augmentent les frais qu'ils imposent aux consommateurs même si elles continuent d'engranger de juteux profits, et certains experts affirment que les Canadiens sont trop indifférents pour s'y opposer.

La Banque TD a augmenté un certain nombre de frais liés à ses comptes personnels de dépôts le 1er mars. Elle a notamment fait passer le coût d'utilisation de guichets automatiques de concurrentes de 1,50 $ à 2,00 $.

Le prêteur a aussi annoncé la mise en place d'un frais de 75 $ pour transférer le solde d'un compte d'épargne libre d'impôt (Celi) à une autre institution.

«Nous reconnaissons que tout changement peut être difficile pour les clients et nous n'augmentons nos prix seulement qu'à la suite d'études minutieuses», a fait valoir la porte-parole de la TD, Daria Hill.

«Nous sommes transparents dans la communication de ces changements pour nos consommateurs et nous les encourageons à venir nous en parler. Il y a plusieurs façons, pour les consommateurs, d'éviter ou de minimiser l'impact de ces changements, et nous pouvons les aider à trouver les options qui répondent le mieux à leurs besoins.»

Entre-temps, la Banque CIBC a augmenté le solde minimal nécessaire pour éviter de payer des frais mensuels pour son compte-chèques «Accès quotidien», le faisant passer à 2000 $, comparativement à 1000 $ précédemment. Elle a aussi haussé à 1,25 $ le frais pour chaque transaction qui suit la douzième effectuée chaque mois, par rapport à 1,00 $ précédemment.

La porte-parole de la CIBC, Caroline Van Hasselt, a indiqué que même si la banque avait augmenté certains frais cette année, elle avait aussi modifié les modalités de son compte «Intelli CIBC» pour limiter les frais des clients lors des mois où ils ont moins recours à ses services, tout en plafonnant les frais pour les mois où ils sont plus actifs.

«Cela aide à s'assurer que (les clients) sont toujours dans le bon compte parce que ça s'ajuste automatiquement à leurs besoins», a fait valoir Mme Van Hasselt dans une déclaration.

De son côté, la Banque Scotia et la Banque de Montréal ont augmenté certains frais associés à leurs cartes de crédit.

Ces changements surviennent alors que les banques sont soumises à une certaine pression en raison de la faiblesse des prix du pétrole, du ralentissement de la croissance des prêts et des très faibles taux d'intérêt.

Malgré ces vents contraires, les cinq plus grandes banques du pays - la TD, la CIBC, la Scotia, la Banque de Montréal et la Royale - ont engrangé des profits totalisant 8,12 milliards lors de leur plus récent trimestre.

En comparaison, elles avaient affiché des bénéfices de 8,07 milliards au cours de la même période l'an dernier.

Selon le président exécutif du Conseil des consommateurs du Canada, Ken Whitehurst, il est normal pour les banques - et les autres entreprises - d'augmenter leurs frais pour les consommateurs même si elles affichent des profits.

«Les banques ont des coûts à couvrir et doivent tenir compte des attentes des marchés par rapport à ce que le rendement sur leur capital devrait être», affirme M. Whitehurst.

«Elles vont toujours chercher à augmenter leurs marges tant que le marché leur permettra. C'est ce que font toutes les entreprises.»

Selon le directeur général du groupe de droits des investisseurs FAIR Canada, Neil Gross, les consommateurs canadiens ont leur part de responsabilité dans ces hausses de frais puisqu'ils sont trop indifférents et les tolèrent, plutôt que de migrer vers des options à plus faibles coûts, comme les coopératives d'épargne et de crédit ou certaines des jeunes sociétés de technologies financières.

«Les grandes banques font le pari que le consommateur moyen va simplement l'accepter et qu'il préférera l'inertie au déménagement de ses comptes vers une autre option», a expliqué M. Gross.

«Nous devrions assurément faire plus de bruit et être plus prompts à nous déplacer vers les innovateurs qui réagissent, ou même d'autres banques (...) Les consommateurs devraient être prêts à récompenser ceux qui favorisent la compétitivité.»

Aux yeux de Jackie Rosen, de RateSupermarket.ca, un site internet qui permet notamment aux consommateurs de comparer les frais bancaires, la solution se trouve dans la recherche, et celle-ci doit être aussi vaste que possible.

«On doit toujours vérifier qui offre quoi, et déterminer ce qui est le meilleur pour soi», explique Mme Rosen. Il est toujours préférable de magasiner.»