Bay Street s'interroge sur les conséquences pour les assureurs du brasier qui dévaste Fort McMurray, notamment sur ce que l'évaluation des dégâts voudra dire pour Intact Corporation financière.

Par l'entremise de ses divisions belairdirect et BrokerLink, Intact est le plus important assureur de dommages au pays, devant Aviva et Desjardins.

« Au moment où on se parle, nous avons reçu une quarantaine de réclamations en provenance de clients de Fort McMurray », a indiqué hier le chef de la direction d'Intact, Charles Brindamour, en entrevue avec La Presse Affaires en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires de l'entreprise, qui se tenait en fin de matinée au Musée des beaux-arts de Montréal.

Charles Brindamour a précisé qu'il croyait pouvoir être en mesure de quantifier les dégâts d'ici un mois. Et si le montant des réclamations est significatif, il sera communiqué aux marchés.

Pour mettre les choses en perspective, Charles Brindamour a indiqué qu'Intact a une relation avec un Albertain sur quatre et avec une entreprise sur quatre dans la province. La présence d'Intact est donc forte en Alberta. À Fort McMurray cependant, Intact est sous-représentée par rapport à l'ensemble de l'Alberta avec 10 à 12 % de parts de marché dans la région où sévissent les incendies.

« Fort McMurray demeure une ville importante pour Intact. Nous avons des clients dans 1500 foyers, dans plus de 1000 appartements ou condos et auprès de quelque 300 entreprises dans la ville. Nos troupes sont sur place pour aider les gens. C'est principalement une question d'avoir accès aux sites à ce stade-ci. » Les réclamations liées aux véhicules forment par ailleurs un autre risque auquel Intact devra faire face.

DIFFICILE À CHIFFRER

Juste avant de tenir ces propos en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires, Charles Brindamour et son collègue Mathieu Lamy, premier vice-président, indemnisation, avaient dû répondre à plusieurs questions de la part d'analystes sur l'exposition d'Intact aux incendies qui ravagent la ville située au nord d'Edmonton. Intact a tenu une téléconférence hier matin pour commenter la publication de résultats trimestriels mitigés par rapport aux attentes du marché.

Charles Brindamour et Mathieu Lamy ont répété aux analystes qu'il était encore beaucoup trop tôt pour chiffrer les dommages en Alberta et qu'Intact suivait l'évolution de la situation de très près depuis le week-end.

Dans l'éventualité où les réclamations atteindraient un niveau « vraiment majeur », a dit Charles Brindamour, Intact pourrait recourir à la réassurance, ce qui limiterait les dommages pour l'entreprise au-delà d'un certain seuil.

Le chef de la direction d'Intact a admis que la situation actuelle à Fort McMurray pouvait se comparer par son intensité à celle vécue à Slave Lake, aussi en Alberta, il y a cinq ans.

« On ne connaît toutefois pas encore l'étendue des dommages à Fort McMurray et nos parts de marché étaient plus importantes à Slave Lake qu'elles ne le sont à Fort McMurray. »

- Charles Brindamour, chef de la direction d'Intact

L'analyste Geoffrey Kwan, de RBC, prévoit de son côté des pertes liées aux réclamations à hauteur de 200 millions de dollars au cours des deux prochains trimestres chez Intact. « En 2011, Intact avait subi des pertes globales de 163 millions pour deux trimestres en tenant compte des incendies de Slave Lake. »

Dans ce contexte, les investisseurs ont retranché 3,9 % à la valeur boursière d'Intact, hier. Le titre a clôturé à 87,82 $ à la Bourse de Toronto. Pour certains investisseurs, l'occasion était possiblement bonne pour prendre des profits puisque l'action d'Intact était en hausse de 16 % depuis son creux atteint au début de février.

Infographie La Presse