Le chef de la direction de la Banque Royale, la seule institution financière canadienne dont le nom a été associé au scandale des Panama Papers, a indiqué mercredi que sa banque procédait à la vérification de près de quatre décennies de dossiers afin de déterminer si des actes répréhensibles ont eu lieu.

David McKay s'est dit mécontent du fait que son nom ait été « entraîné » dans la controverse des allégations d'évasion fiscale par l'entremise de comptes extraterritoriaux, particulièrement dans la mesure où il n'existe aucune preuve que l'entreprise a fait quoi que ce soit d'illégal.

« En tant que chef de la direction, je dois m'inquiéter de notre marque et de notre réputation, particulièrement dans une situation où il n'y a absolument aucune allégation de mauvaise action », a affirmé M. McKay.

Trudeau : une responsabilité internationale

Les commentaires de M. McKay faisaient suite à l'assemblée annuelle des actionnaires de l'institution financière, à Montréal. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, était lui aussi de passage à Montréal mercredi, et a été questionné au sujet des informations tirées des documents coulés, qui ont levé le voile sur le recours aux paradis fiscaux.

M. Trudeau a fait valoir que la communauté internationale devait travailler de concert pour rendre le monde de la finance mondiale plus transparent afin que les riches investisseurs ne puissent plus simplement se tourner vers les juridictions les plus favorables pour éviter de payer leurs impôts.

« Le niveau de conscience qui commence à être celui des citoyens du monde en ce qui a trait à l'évasion fiscale est une bonne chose », a affirmé le premier ministre dans ses premiers commentaires publics au sujet de la controverse. « Mais cela fera certainement l'objet de travaux que nous réaliserons ensemble, en tant que communauté de nations. »

Le gouvernement fédéral savait que l'évasion fiscale était un problème bien avant que le scandale des Panama Papers ne fasse les manchettes, a-t-il ajouté.

Le quotidien Toronto Star et la CBC, qui ont travaillé avec le Consortium international pour le journalisme d'investigation (CIJI), ont révélé que la Banque Royale et ses filiales avaient eu recours aux services de Mossack Fonseca, le cabinet d'avocats du Panama au coeur de la fuite de documents, pour créer plus de 370 sociétés-écrans.

M. McKay a insisté pour dire qu'il existait plusieurs raisons légitimes de mettre sur pied de telles compagnies, en ajoutant qu'il était important de ne pas confondre l'évasion fiscale, qui est illégale, avec la planification fiscale.

« Il se trouve que nous avons quelques centaines de documents, dans les 40 dernières années, qui sont liés à ce cabinet d'avocats », a-t-il dit. « C'est tout ce qui a été rapporté. »

Révision des dossiers

La Royale a mis sur pied une équipe pour réviser les dossiers de la société et tenter de déterminer quelle était la relation de la banque avec Mossack Fonseca et vérifier si cette relation existe toujours, a précisé M. McKay.

Il a ajouté qu'il ne savait pas combien de temps durerait ce processus, étant donné que l'information contenue dans les documents coulés s'étend sur quatre décennies.

« Vous pouvez imaginer combien il est difficile de reculer de 40 ans dans vos dossiers », a-t-il dit.

Les banques ont dû soutenir de plus grandes responsabilités ces dernières années pour contrôler et surveiller le système financier, a souligné M. McKay, qui s'attend à ce que cette tendance se poursuive.

« Nous acceptons cette responsabilité, et nous nous sommes ajustés à cette responsabilité en tant qu'industrie depuis maintenant plus d'une décennie. »

Le chef de la direction de la Banque de Montréal, Bill Downe, a offert une perspective similaire pendant l'assemblée annuelle des actionnaires de son institution, plus tôt cette semaine.

Selon M. Downe, les banques canadiennes ont rehaussé de façon importante leurs contrôles contre le blanchiment d'argent au cours de la dernière décennie, à la demande de divers gouvernements à travers le monde.

Le patron de la Banque de Montréal croit que si des infractions devaient émaner des documents coulés, elles risquent d'être liées à des activités qui ont eu lieu il y a un bon moment, avant que les banques n'investissent dans l'amélioration de leurs pratiques.