Un dirigeant de la Réserve fédérale a prôné mardi le démantèlement des grandes banques, qui peuvent poser des risques au système financier mondial en cas de graves difficultés financières.

Le nouveau président depuis janvier de l'antenne régionale de la Fed de Minneapolis, Neel Kashkari, qui était un haut responsable du Trésor américain lors de la crise financière de 2008, a estimé dans un discours qu'il fallait envisager « sérieusement des mesures audacieuses » pour réformer le secteur bancaire.

« On doit reconnaître que les grandes banques sont encore trop importantes pour (les laisser) faire faillite », ce qui implique que, le cas échéant, les autorités « seront forcées de les sauver comme nous l'avons fait » en 2009, a lancé M. Kashkari devant la Brookings Institution à Washington.

Ce nouveau membre de la Fed a lui-même été l'un des architectes du renflouement des banques et des groupes automobiles lors de la déroute immobilière et financière de fin 2008.

« Je crois que nous devons commencer à sérieusement considérer un éventail d'options dont le démantèlement des grandes banques en des établissements plus petits, moins interconnectés », a-t-il dit. Cet ancien cadre de Goldman Sachs propose aussi que les grandes banques « soient transformées en établissements publics, contraints de conserver tellement de fonds propres qu'elles ne pourraient pas tomber en faillite ».

La réforme de Wall Street, Dodd-Frank, qui depuis la crise exige de la part des grandes banques davantage de fonds propres et qui procède à des tests de résistance annuels, permettrait, selon lui, de faire face à une faillite individuelle. Mais il se dit « plus sceptique » en cas de faillites multiples dans un environnement économique difficile.

« Quand Dodd-Frank a été adoptée, l'économie était peut-être trop fragile pour véritablement adopter des mesures fortes. Mais l'économie étant plus solide maintenant, il est temps de dépasser les esprits de clocher et de résoudre ce problème », a encore ajouté M. Kashkari.

Selon lui, « on ne verra pas venir la prochaine crise financière ». Se remémorant son passage au Trésor américain où dès 2006 les experts évaluaient des scénarios de crise, il a rappelé : « On n'envisageait pas une crise immobilière d'ampleur nationale. Cela crève les yeux maintenant, mais on ne l'a pas vue et pourtant on cherchait ».

M. Kashkari, qui n'est pas un membre votant du Comité de politique monétaire de la Fed cette année, n'a pas fait de commentaire sur la politique monétaire.