Alors que les institutions financières cherchent désespérément de quoi aguicher les épargnants en cette période des REER, le meilleur placement est peut-être dans leur cour. Ce serait particulièrement le cas pour la Banque Nationale dont l'action rapporte aujourd'hui 5,4 % en dividende, le meilleur taux courant de l'industrie et 1,5 point de pourcentage de plus que pour les cinq dernières années.

Évidemment, ce rendement difficile à battre apparaît à la suite de la dégringolade du titre, qui ne va pas non plus sans raison. Mais leur impact paraît exagéré par le marché, comme c'est souvent le cas quand la déprime domine.

La Nationale a cédé près de 5 % de sa valeur dans un marché en détresse, hier, portant sa perte à plus du cinquième depuis un an. C'était après l'annonce de la radiation totale de son investissement de 165 millions de dollars dans le groupe torontois Maple Financial dont la filiale allemande Maple Bank vient d'être fermée à la suite d'allégations de fraude fiscale et de blanchiment d'argent.

Cela ne devait pourtant pas être une surprise. La banque montréalaise avait prévenu le 1er octobre que son investissement minoritaire (24,9 %) de longue date dans Maple Financial était à risque, tout en mesurant très précisément l'impact que cela pourrait avoir sur ses ratios de capitalisation.

L'analyste Doug Young, de Desjardins Marché des capitaux, souligne que, après cette radiation d'actif, le ratio des fonds propres réglementaires attribuables aux actions ordinaires de catégorie 1, même réduit de 13 points de base, sera toujours supérieur à la cible interne de 9,75 % établie par la Nationale.

Les ratios de capitalisation de toutes les banques canadiennes sont actuellement sous pression avec les bas taux d'intérêt et la volatilité des marchés qui affectent leur compte en pension. Cela sera scruté de près quand ces institutions dévoileront leurs résultats pour le premier trimestre du nouvel exercice de 2016, dans les prochaines semaines.

La Nationale avait terminé le dernier exercice avec un ratio de 9,9 %.

« Nous sommes certains que la direction doit être enchantée d'avoir pris l'initiative de rembourrer son capital l'an dernier. »

- Robert Sedran, analyste à la CIBC

La banque avait émis pour 300 millions de dollars d'actions, lors d'une opération qualifiée de « surprise » par plusieurs observateurs, l'automne dernier.

Hormis la charge extraordinaire qui apparaîtra dans les résultats du dernier trimestre, l'arrêt des affaires de Maple Bank aura peu d'impact sur les bénéfices puisque le groupe contribuait pour moins de 1 % du total, note encore Robert Sedran.

À CONSERVER

Les deux analystes précités, à l'instar de la grande majorité de leurs collègues, s'en tiennent à l'équivalent d'une recommandation de « conserver » à l'endroit des actions ordinaires de la Banque Nationale.

La communauté financière s'inquiète toujours de l'exposition de la banque montréalaise aux aléas du pétrole. La corrélation est particulièrement étroite en Bourse depuis un an. Le secteur du pétrole et du gaz compte pourtant pour moins de 3 % des activités de banque d'affaires de la Nationale.

En tous les cas, le rendement alléchant en dividende ne devrait pas être une source d'inquiétude. Celui-ci a été majoré de 4 % il y a à peine trois mois. Le président, Louis Vachon, avait alors expliqué que l'émission d'actions survenue deux mois plus tôt pour renflouer le capital n'empêchait pas de rétribuer les actionnaires. « Le dividende est un reflet des profits. Ultimement, les dividendes augmentent lorsque les profits augmentent », avait-il répondu aux analystes sceptiques.

La Nationale a ainsi haussé son dividende dix fois au cours des cinq dernières années, tout en gardant plus de 60 % des profits dans ses coffres. Les versements aux actionnaires ont carrément doublé depuis mars 2007.

LES DIVIDENDES DES BANQUES

Banque/Rendement/Moyenne 5 ans

Nationale/5,4 %/3,9 %

CIBC/5,1 %/4,3 %

Scotia/4,9 %/4,0 %

Banque de Montréal/4,5 %/4,3 %

Laurentienne/4,8 %/4,1 %

Royale/4,4 %/3,9 %

Toronto-Dominion/3,9 %/3,5 %

Source : Thomson Reuters

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