Les actions de la Banque Nationale (T.NA) ont encore été bousculées en Bourse, hier, reculant de 3,3 % à 36,93 $, une cote qui remonte à la mi-juillet 2013, il y a plus de deux ans.

En outre, ce recul boursier de la Nationale est plus marqué que celui de l'indice du secteur financier et bancaire à la Bourse de Toronto (- 2 %) et celui de l'indice de marché S & P/TSX (- 1,6 %).

Depuis six mois, le déclin boursier de la principale banque québécoise s'affiche maintenant à 20 %, deux fois pire que celui subi par l'indice du secteur financier et bancaire (- 9 %).

Pour les actionnaires de la Nationale, cette perte de valeur boursière en six mois se chiffre désormais à 3,2 milliards de dollars, et à près de 6 milliards depuis le sommet historique de 55 $ par action, atteint en novembre 2014.

INDUSTRIE PÉTROLIÈRE

Quant à l'explication de cet autre recul substantiel d'hier, des analystes consultés par La Presse Affaires l'attribuent surtout à une nouvelle vague d'inquiétude chez les investisseurs envers les risques de pertes dans l'important portefeuille de 2,5 milliards de prêts de la Nationale dans l'industrie pétrolière de l'Ouest canadien.

« Au fur et à mesure que le prix du pétrole baisse, il y a une perception de risque accru d'insolvabilité parmi ces emprunteurs de l'industrie pétrolière à la Nationale », a commenté Mery Grauman, analyste bancaire chez Cormark Securities à Toronto.

« Les investisseurs sont sceptiques malgré les propos rassurants à cet égard tenus par les dirigeants de la banque. Même ceux réitérés mardi à Toronto par Louis Vachon [président de la Nationale] lors d'une conférence d'investisseurs avec les hauts dirigeants du secteur bancaire canadien. » 

ÉMISSION D'ACTIONS

Par ailleurs, cette autre gifle boursière envers la Nationale est survenue la journée où elle annonçait une nouvelle émission d'actions - la deuxième en trois mois - afin de rehausser sa base de capital en fonction des nouvelles exigences bancaires internationales, resserrées depuis la crise financière de 2008-2009.

Cette fois-ci, la Banque Nationale recueillera 400 millions en capital frais en émettant 16 millions d'actions privilégiées (valeur nominale de 25 $ chacune) avec un rendement en dividende de 5,6 % durant les cinq premières années, ajustable ensuite à 4,9 % au-dessus du taux obligataire canadien (cinq ans).

Très généreux pour les investisseurs à première vue, ces paramètres illustrent néanmoins, de l'avis d'analystes, le défi pour les entreprises comme les banques de surmonter la méfiance envers les actions privilégiées et autres titres à revenu qui persiste sur les marchés, dans un contexte de remontée des taux d'intérêt et d'anticipation de prochains résultats mitigés.