Face à la déprime persistante des cours pétroliers, la Banque Nationale doit resserrer considérablement sa «surveillance» de ses actifs financiers de 3,2 milliards dans l'industrie du pétrole et du gaz.

«En effet, c'est le seul secteur de tout notre portefeuille de prêts aux entreprises que nous devons surveiller de façon très étroite», a indiqué son président et chef de la direction, Louis Vachon, hier au cours de la première journée du Sommet du secteur financier canadien organisé par Scotia Capital, à Toronto.

De ce montant de 3,2 milliards en «exposition directe» au secteur pétrolier, M. Vachon a précisé qu'il se partageait à moitié-moitié entre des entreprises liées à la production pétrolière et d'autres du secteur gazier.

Surveillance accrue

Quant au principal motif d'une surveillance accrue, le président de la Nationale l'a expliqué surtout avec le risque croissant d'un impact des bas cours pétroliers persistants sur les prochains revenus de ses emprunteurs dans cette industrie, alors que leurs moyens de couverture (hedging) s'amenuisent peu à peu.

Selon M. Vachon, le taux de couverture, qui se situe encore «aux environs de 25%» des revenus pétroliers pour l'année courante, glissera «sous les 20%» l'an prochain.

Malgré ce contexte, le président de la Nationale s'est dit confiant quant au maintien d'un rendement adéquat de ce portefeuille de prêts aux entreprises pétrolières et gazières, sans avoir à rehausser les provisions pour pertes sur prêts lors des prochains résultats trimestriels de la banque.

«D'abord, nous sommes un prêteur garanti [sur des actifs] dans ces entreprises, a indiqué M. Vachon. Ensuite, nous voyons de plus en plus d'investisseurs qui veulent déployer des nouveaux capitaux dans ce secteur, notamment des fonds d'investissement privés qui y voient une opportunité de placements stratégiques.»

Quant à l'impact de la récession pétrolière sur l'économie de l'Ouest canadien et ses activités dans cette région, le président de la Nationale a rappelé à ses interlocuteurs boursiers à Toronto que cette «exposition indirecte», à hauteur de 9,1% de tous ses prêts au Canada, demeurait «la plus petite parmi le secteur bancaire canadien».

Pendant ce temps, a aussi souligné Louis Vachon, les activités de la Banque Nationale parmi sa clientèle d'entreprises se «portent très bien» dans ses deux marchés principaux, au Québec et en Ontario.

ILS ONT DIT

«L'économie canadienne demeure résiliente [face au krach pétrolier]. D'ailleurs, nous observons que presque tous les secteurs de l'économie continuent de prendre des forces, en dehors de celui de l'énergie.»

- Dave McKay, président et chef de la direction, Banque Royale (RBC)

«La croissance de l'économie canadienne [PIB] sera probablement tout juste sous 2% en fin d'année. Dans ce contexte, je crois que la performance du secteur bancaire canadien continuera de surprendre positivement les investisseurs boursiers.»

- William Downe, chef de la direction de la Banque de Montréal (BMO)

«Bien sûr qu'il y a des vents contraires dans l'économie, mais la banque est bien positionnée pour gérer la situation, comme elle l'a toujours été auparavant. D'ailleurs, la hausse récente de nos provisions pour pertes sur prêts découle de la croissance de notre portefeuille, et non d'une détérioration qualitative.»

- Bharat Masrani, président et chef de la direction, Banque Toronto-Dominion (TD)

«Selon nous, l'une des clés [dans le contexte économique] est d'accepter de remettre en question des activités qui ont trop peu de potentiel de valeur ajoutée pour la banque. Entre-temps, nous continuons notre recherche active d'acquisitions, sans doute au-delà de la limite des deux milliards que nous avions énoncée antérieurement.»

- Victor Dodig, président et chef de la direction, Banque CIBC

«Nos provisions pour pertes sur prêts sont basses par rapport au secteur bancaire canadien tout simplement parce que notre portefeuille de prêts est très solide, avec un taux de prêts sous-performants qui devrait demeurer bien inférieur à la moyenne.»

- Réjean Robitaille, président et chef de la direction, Banque Laurentienne