Considérée comme la banque des puissants, la prestigieuse firme américaine Goldman Sachs envisage de prêter, sur internet, de l'argent à monsieur Tout-le-Monde et aux petites entreprises, selon un document interne consulté lundi par l'AFP.

Le ticket d'entrée chez Goldman Sachs est actuellement à ce jour d'un million de dollars au moins.

Mais l'établissement de Wall Street travaille sur le lancement d'une unité spécialisée qui consentira des prêts aux Américains ordinaires, selon ce document. Ces services bancaires seront proposés sur internet.

Goldman Sachs entend octroyer ses premiers prêts l'an prochain, selon des sources proches du dossier.

La vénérable banque réfléchit à prêter des sommes comprises entre 15 000 et 20 000 dollars, via un site internet et une application mobile, selon ces mêmes sources. Les emprunteurs pourraient ainsi disposer d'une carte de crédit prépayée à l'image d'American Express.

Goldman Sachs n'a pas encore décidé si ces cartes porteront son nom ou si elles seront baptisées sous une autre marque.

En outre, la banque, dont l'image a souffert de la crise financière, ne devrait pas, comme les plateformes de prêts entre particuliers, exiger de garanties, selon ces sources.

«Les services bancaires numériques aux consommateurs et aux petites entreprises sont une opportunité» pour toucher une nouvelle clientèle avec de bons rendements, font valoir le PDG Llyod Blankfein et son numéro deux Gary Cohn dans le document.

L'unité devrait fonctionner comme une banque en ligne et n'aura pas de réseau d'agences, contrairement aux rivales JPMorgan Chase, Citigroup ou encore Bank of America.

Ce positionnement numérique a le mérite de dispenser Goldman Sachs des coûts de fonctionnement rattachés à la gestion de succursales et à des procédures de contrôles exigées par la réglementation.

Il lui donne en outre un avantage concurrentiel puisque la banque pourra proposer des taux d'intérêt attractifs tout en engrangeant des bénéfices.

Pour pousser ses pions, la banque a recruté un professionnel chevronné en la personne de Harit Talwar, un ancien haut responsable du groupe financier Discover Financial Services (DFS) et de Citigroup.

Harit, qui sera entouré d'une équipe, «apporte une ressource inestimable au moment où nous développons cette approche», soulignent MM. Blankfein et Cohn dans le document interne.

Cette offensive de Goldman Sachs intervient dans un secteur de services bancaires en ligne en plein essor grâce aux avancées technologiques et à un durcissement de la réglementation qui oblige les banques classiques à maintenir des niveaux de fonds propres importants.

La start-up californienne Prosper MarketPlace a distribué plus d'un milliard de dollars de prêts entre novembre 2014 et mars 2015 et vise 3 milliards de dollars cette année, avait confié en avril à l'AFP son directeur général Aaron Vermut.

La plateforme de prêts alternatifs LendingClub, créée par le Français Renaud Laplanche, a elle fait une entrée retentissante en Bourse en décembre.

Pour Goldman Sachs, l'aventure comporte toutefois des risques puisque la banque n'a jamais exercé cette activité depuis sa création en 1869.