La baisse inattendue du taux d'intérêt directeur de la Banque du Canada, annoncée mercredi, a surpris même parmi les principales banques canadiennes, qui sont pourtant aux premières loges pour jauger l'état de l'économie du pays.

Parmi les analystes qui les ont à l'oeil, on s'interroge sur l'impact de cette baisse-surprise de taux d'intérêt sur les prochains résultats des grandes banques. Et ce, tant pour les perspectives de croissance de leur activité de crédit que de leur rentabilité réelle en fin de compte.

Un échantillon de leurs commentaires.

Gabriel Dechaine, analyste du secteur bancaire, Canaccord Genuity (Toronto)

«La baisse du taux directeur de la Banque du Canada n'aidera pas les banques canadiennes, alors qu'elles doivent déjà gérer le risque lié à l'affaiblissement de la croissance économique au Canada.

«À court terme, la baisse du taux pourrait stimuler le marché des prêts bancaires. Mais elle risque aussi d'accroître la pression baissière sur la marge bénéficiaire des banques dans ce marché.»

John Aiken, analyste du secteur bancaire, Barclays (Toronto)

«Je ne crois pas que la baisse de taux [par la Banque du Canada] ravive la demande de crédit bancaire parmi les consommateurs canadiens. Du moins, pas suffisamment pour contrecarrer la compression accrue des marges bénéficiaires des banques dans ce marché.

«Quant à la baisse du dollar canadien, accentuée par la baisse-surprise de taux, elle s'annonce bénéficiaire pour les banques selon la proportion de leurs revenus et bénéfices qui proviennent de l'étranger. À cet égard, les banques Scotia et TD sont les mieux positionnées.»

Peter Routledge, analyste du secteur bancaire, Financière Banque Nationale (Toronto)

«La baisse de taux par la Banque du Canada pourrait inciter les Canadiens à augmenter encore leur endettement, alors que cette même banque centrale a déjà averti du risque d'un tel endettement pour l'économie canadienne.

«Pour les banques, si cette baisse de taux ravive la demande de crédit dans les ménages, elles auront sans doute à très bien balancer cette demande accrue et le risque pour leur portefeuille de prêts d'une période de déflation au Canada, particulièrement dans le secteur de l'immobilier résidentiel.»

Brian Klock, analyste du secteur financier chez Keefe, Bruyette&Woods (KBW, New York)

«La baisse-surprise du taux d'intérêt directeur de la Banque du Canada signale l'ampleur des conséquences de la chute du prix du pétrole sur l'économie canadienne. Pour les banques, ça augure à court terme d'une période de croissance des prêts qui sera beaucoup plus lente que ce qu'elles prévoyaient encore jusqu'à récemment. Aussi, dans ce contexte, la marge bénéficiaire des banques sur leurs prêts risque d'être plus affaiblie que ce à quoi l'on pouvait s'attendre.»

- Avec Bloomberg