Les hausses de taxes imposées aux institutions financières risquent de trouver leur chemin jusque dans les poches des consommateurs.

Au Mouvement Desjardins, de loin la plus importante institution financière du Québec, on évalue à 54 millions de dollars par année l'impact des mesures annoncées mardi par le ministre des Finances, Carlos Leitao.

«Ça va sûrement avoir un impact sur notre rentabilité globale, et peut-être sur notre compétitivité», a commenté hier André Chapleau, porte-parole de Desjardins.

La coopérative estime que la hausse de la taxe sur la masse salariale des institutions financières lui coûtera 32 millions par année. Le taux de cette taxe passe de 2,20 à 3,52% pour Desjardins et de 2,80 à 4,48% pour les banques et les sociétés faisant le commerce de valeurs mobilières. L'augmentation, temporaire, doit prendre fin en mars 2017.

Québec a également revu à la hausse le taux de la taxe sur les primes d'assurances de personnes, le faisant passer de 2 à 3%. Pour Desjardins, la facture s'élèvera à 22 millions annuellement.

Les deux mesures doivent rapporter plus de 250 millions par année à Québec. Hier, la Banque Nationale, l'Industrielle Alliance et la Banque Laurentienne n'ont pas voulu en chiffrer l'impact sur leurs futurs résultats financiers.

Il a été impossible de joindre Yves Millette, porte-parole de l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes.

Capitalisation

Le gouvernement impose ces ponctions à l'industrie financière alors que de nouvelles règles bancaires entreront en vigueur en janvier dans le cadre des accords internationaux de Bâle III. En vertu de ces règles, les institutions financières devront conserver des réserves de capital plus imposantes.

«Ça fait un défi de plus à surmonter, a noté M. Chapleau. Il y aura des questions à se poser sur le partage des excédents [profits], par exemple.» Autrement dit, si les excédents de Desjardins sont moins élevés, les ristournes aux membres pourraient l'être aussi.

Par contre, l'institution n'envisage pas de procéder à des licenciements pour réaliser des économies. «Ce n'est pas dans notre culture», a expliqué André Chapleau.

Mardi, la chambre de commerce du Montréal métropolitain a qualifié de «préoccupante» la hausse du fardeau fiscal des institutions financières décrétée par Québec. De son côté, l'Association des banquiers canadiens a estimé que les taxes et impôts ne devraient pas «viser un secteur plutôt qu'un autre».

Participer à l'effort

Le Mouvement Desjardins a tenu à rappeler hier qu'il versait déjà, chaque année, plus de 1 milliard en taxes et impôts aux gouvernements et aux municipalités. Mais on reste très sensible à l'opinion publique en cette période d'austérité.

«C'est difficile de déplorer ces mesures quand on voit que le gouvernement exige des efforts de tous les segments de la population, a souligné M. Chapleau. Il faut quand même être solidaire de tout ce qui se passe au Québec. C'est sûr qu'on aurait aimé s'en passer, mais il nous faut aussi faire notre part.»