L'une des plus grandes firmes montréalaises de gestion de placements pour les caisses de retraite, Addenda Capital, ravive ses ambitions de croissance après quelques années difficiles dans son marché principal des titres obligataires.

Après quelque 18 mois en poste, son président et chef de l'exploitation, Roger Beauchemin, un gestionnaire financier d'expérience à Montréal et à Toronto, passe maintenant au déploiement des projets de croissance qu'il a élaborés avec ses principaux adjoints et les actionnaires de la firme.

Le plus récent en lice? Depuis deux semaines, Addenda Capital peut proposer à sa clientèle d'investisseurs institutionnels une stratégie de placement pour le marché international des titres à revenus fixes.

Et pour y parvenir, Addenda est passée par son premier partenariat international, avec la firme londonienne Rogge Global Partners, une spécialiste de renom dans le marché mondial des titres à revenus fixes.

«La gestion de ce type d'actifs est la spécialité de longue date d'Addenda auprès de sa clientèle canadienne [80% de ses 24 milliards en actifs sous gestion], mais nous manquions de capacité à offrir du côté des marchés internationaux», résume Roger Beauchemin, au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

«Or, ces marchés considérés comme non traditionnels pour les caisses de retraite sont néanmoins de plus en plus recherchés comme un moyen de rehausser des rendements trop faibles avec des placements dits traditionnels.

«En établissant un partenariat avec Rogge, nous avons accès à de nouveaux services spécialisés de gestion de placement qui nous distinguent sur le marché canadien. En contrepartie, Rogge s'est trouvé avec Addenda un partenaire pour rehausser sa présence au Canada, qui constitue tout de même le quatrième marché au monde pour la gestion de portefeuille de caisses de retraite.»

Jusqu'où pourrait se rendre Addenda avec ce nouveau partenaire?

Roger Beauchemin préfère ne pas y rattacher d'objectifs ou d'échéanciers bien définis, citant le trop grand nombre de facteurs économiques ou financiers pouvant influer sur leur réalisation.

Néanmoins, dit-il, cette nouveauté chez Addenda est «très bien accueillie et suscite beaucoup d'intérêt» parmi sa clientèle d'une centaine de caisses de retraite au Canada.

De plus, ce nouveau partenariat s'inscrit dans la diversification internationale des capacités de gestion d'Addenda, et dont les effets se font déjà sentir dans son volume d'activités.

Dans la gestion de placements en actions, par exemple, Addenda a décroché en juillet dernier un mandat de conseiller du fonds d'actions internationales et éthiques de Placements NEI, une firme de 6 milliards en actifs qui est détenue conjointement par le Mouvement Desjardins et d'autres coopératives financières (credit unions) au Canada.

De nouveaux mandats de ce genre contribuent au rebond de croissance de l'actif sous gestion chez Addenda. Cet actif a repassé la barre des 24 milliards au cours de la dernière année, ce qui est 2 milliards de plus que son niveau le plus bas atteint depuis dix ans.

Mais encore bien en deçà de son niveau de 30 milliards atteint en 2008, l'année où la coopérative d'assurance ontarienne Co-Operators Life a payé 306 millions pour acquérir le contrôle d'Addenda Capital des mains de son fondateur, le financier montréalais Carmand Normand, et d'actionnaires en Bourse.L'autre actionnaire d'importance, le Fonds de solidarité FTQ, a choisi de demeurer et même de rehausser sa participation minoritaire au capital d'Addenda.

En rétrospective, Roger Beauchemin vante la «patience» de Co-Operators et du Fonds de solidarité durant une «période difficile» chez Addenda, qui s'est étendue de la crise financière de 2009 à l'an dernier.

Un exemple de cette patience: la firme a pu maintenir son effectif malgré la baisse marquée des actifs sous gestion et des revenus qu'elle en obtient.

«C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai accepté l'offre qu'on m'a faite en 2012 de prendre la direction d'Addenda, parce qu'elle avait continué de miser sur ses ressources humaines malgré quelques années difficiles», résume M. Beauchemin. «Addenda a la capacité de doubler presque son actif de gestion avec son effectif actuel, tout en ajoutant quelques compétences spécialisées qui lui manquent, par embauche ou par d'autres partenariats», estime M. Beauchemin.

Le prochain objectif? Poursuivre le regain de croissance de l'actif sous gestion depuis «quatre trimestres consécutifs» pour le rendre autour des 30 milliards d'ici quatre ans.

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ADDENDA CAPITAL

> Activité: gestion de 24 milliards en placements en valeurs mobilières pour une centaine de caisses de retraite et quelques fortunes privées

> Effectif: 110 employés, soit 75 au siège social de Montréal et 35 en Ontario

> Actionnariat: Cie d'assurance Co-Operators Life (73%, Regina, en Saskatchewan, et Guelph, en Ontario), Fonds de solidarité FTQ (21%), dirigeants (6%)

Forces:

> Actionnariat durable et responsable

> Effectif professionnel restreint mais partageant les objectifs autant de rendement des placements que de rendement d'affaires de l'entreprise

> Notoriété établie dans le milieu financier des grands investisseurs institutionnels à Montréal et à Toronto

Faiblesses:

> Diversification insuffisante des actifs sous gestion et des sources de revenus de gestion

> Moyens et notoriété encore limités pour le démarchage d'affaires hors Québec dans le marché très concurrentiel des mandats de gestion de placements pour les grands investisseurs institutionnels