Le groupe boursier TMX (T.X) prépare le lancement, dans quelques mois, d'un service spécialisé en transactions de titres de placements privés dans les entreprises canadiennes.

Ce projet, déjà baptisé «Marchés privés TSX», vise à «soutenir les entreprises en quête de capital lors des premières phases clés de leur développement», selon Kevan Cowan, chef des marchés d'actions au Groupe TMX.

Cette société torontoise chapeaute la Bourse de Toronto, la Bourse de croissance TSX ainsi que la Bourse de Montréal, spécialisée dans les produits dérivés.

Le nouveau service «Marchés privés TSX» sera exploité par une filiale de courtage du Groupe TMX, Shorcan Brokers. Il sera surtout voué à la création et à la négociation de titres de capital issus de placements privés dans des entreprises à capital fermé, c'est-à-dire non encore inscrites en Bourse.

Selon la direction de TMX, ce nouveau service de marchés privés lui permettra de «servir les sociétés tout au long de leur évolution, du démarrage à la transformation en émetteur privé, jusqu'à l'appel public à l'épargne».

Mais pour le contexte, il faut souligner que ce projet de marchés privés chez TMX survient alors que le nombre de nouvelles inscriptions d'entreprises à la Bourse de Toronto et à la Bourse de croissance TSX est en déclin continu depuis trois ans.

Ainsi, 108 nouvelles inscriptions ont été réalisées en 2013 à la Bourse de Toronto, comparativement à 199 deux ans plus tôt. À la Bourse de croissance, seulement 76 nouvelles inscriptions ont eu lieu en 2013, comparativement à 216 en 2011.

Pendant ce temps, le marché des placements privés en entreprises au Canada continue de croître à vue d'oeil. En 2013, il s'est approché des 15 milliards de dollars en investissements de capital de risque et autres placements privés d'importance.

Il s'agit d'un montant doublé en trois ans seulement, mais encore un brin inférieur au sommet atteint en 2007, avant la crise financière et la récession.

Accueil favorable

Après son annonce préliminaire, hier, le projet de «Marchés privés TSX» a suscité des premiers commentaires favorables parmi des regroupements d'entreprises et d'investisseurs en capital de risque.

«Pour autant qu'il soit bien encadré et efficace, tout projet qui peut aider à la mobilisation de nouveaux capitaux de développement pour les entreprises canadiennes en croissance est bienvenu», a indiqué Michael Woodlatt, chef de la direction de l'Association canadienne du capital de risque et d'investissement.

À la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui est le plus gros regroupement de PME au pays, on accueille aussi favorablement le projet de «Marchés privés TSX».

«Malgré la diversification des sources de capitaux et de financement, nos membres, des PME et des ME, se plaignent encore des coûts et des conditions qu'on leur impose pour accéder à ces capitaux», a souligné Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI au Québec.

Pour la présidente de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, le projet de «Marchés privés TSX» a le potentiel d'améliorer l'accès aux capitaux pour les entreprises qui n'ont pas encore la taille ou les moyens requis pour justifier une inscription en Bourse.

«Ce projet du Groupe TMX pourrait rehausser la concurrence entre les investisseurs en placements privés au bénéfice des entreprises, qui pourraient alors obtenir de meilleures conditions de capitalisation», espère Mme Bertrand.

«Au Québec, les entreprises en développement ont l'avantage d'avoir accès à des grandes sources de capital de risque comme le Fonds de solidarité et la Caisse de dépôt et placement. Toutefois, leur prédominance est telle qu'elle peut susciter un contexte de «pensée unique» dans le financement d'entreprises au Québec, ce qui serait nuisible à l'innovation dans ce secteur.»

Par ailleurs, la présidente de la Fédération des chambres de commerce attendra de connaître les détails de la supervision réglementaire du futur service de marchés privés du groupe boursier TMX avant d'y donner son aval complet.

La raison? «Nous tenons absolument à la juridiction de l'Autorité des marchés financiers du Québec sur les titres de capital provenant d'entreprises québécoises. Cette exigence s'inscrit dans notre opposition au projet fédéral d'une commission nationale des valeurs mobilières», a insisté Mme Bertrand.