Malgré l'attention médiatique qu'elle a suscitée, la divulgation de conversations téléphoniques entre des dirigeants de la Caisse de dépôt et placement, de la Banque Nationale (BN) et du courtier CIBC Wood Gundy à la veille du krach des papiers commerciaux (PCAA) non bancaires, en août 2007, a été accueillie avec une relative indifférence, hier, par les principaux concernés.

«Tout ça avait déjà été dit. Il n'y a rien de nouveau», a-t-on soutenu à la Caisse de dépôt. À la Banque Nationale, on considère qu'il ne s'agit que d'un exemple «parmi des milliers de conversations» qui ont eu lieu entre les directeurs financiers aux prises avec ces PCAA viciés, il y a six ans. «Ces propos étaient déjà connus. Et durant la résolution de cette crise, nous avons admis des erreurs et avons dû avaler la pilule, en révisant plusieurs processus», a dit le porte-parole de la Nationale, Claude Breton.

N'empêche, les propos divulgués par Le Journal de Montréal à partir d'enregistrements examinés lors d'enquêtes réglementaires sur les PCAA menées au Québec et en Ontario témoignent de l'incrédulité et de la panique qui ont déferlé à la haute direction de la Caisse, lors du tarissement soudain du marché des PCAA non bancaires dans lequel elle avait dirigé des milliards. À la Nationale aussi, on en avait déjà vendu pour des centaines de millions à des clients d'affaires comme placements de liquidité à court terme.

On se rappelle la suite: l'effondrement de ce marché de 32 milliards en PCAA non bancaires a coûté une fortune à la Caisse, contribuant pour une bonne part à l'énorme perte de 40 milliards subie au cours de la crise financière et du krach boursier de 2008-2009.

En contrepartie, la crise des PCAA non bancaires a provoqué la conclusion d'un «accord de Montréal» entre les institutions les plus touchées (Caisse de dépôt, Banque Nationale, Desjardins, etc.), afin d'élaborer une solution viable de remplacement de ces titres viciés. Cette crise financière d'une ampleur sans précédent au Canada a également suscité des enquêtes, des sanctions et des changements de réglementation par les autorités provinciales et fédérales.

C'est dans ce contexte que, du point de vue de la Caisse de dépôt, les propos de l'un de ses ex-dirigeants qui ont été révélés hier «relèvent du passé, sans rien de nouveau».

Selon son porte-parole, Maxime Chagnon, «il n'y a rien pour nous à ajouter là-dessus. Tous les commentaires ont été faits au fil des ans, sur diverses tribunes».

Quant à l'ex-dirigeant de la Caisse dont les propos ont été divulgués, Luc Verville, il a préféré s'abstenir de tout commentaire.

Après son départ de la Caisse, en 2008, il a été embauché par Fondaction CSN à titre de directeur des placements. Il y supervise un actif en valeurs mobilières qui excède maintenant les 400 millions.