En dépit d'importants progrès depuis la crise financière d'il y a quatre ans, il reste encore «beaucoup à faire» pour renforcer la surveillance des services financiers et des banques afin d'éviter la répétition d'une telle «catastrophe».

De l'avis de David Wright, secrétaire général de l'Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), c'est au niveau de la cohésion et de la coopération internationales que des efforts additionnels sont requis, après que les pays les plus influents dans l'économie mondiale eurent resserré leurs mécanismes réglementaires.

«Ces efforts se heurtent encore à de la résistance politique dans certains pays, qui découle sans doute des pressions de leur secteur financier. Aussi, il faut dire que ces questions de surveillance des marchés financiers sont devenues très complexes pour les non-initiés», a mentionné David Wright au cours d'un entretien avec La Presse Affaires, jeudi dernier, en marge de la Conférence mondiale sur l'éducation des investisseurs qui avait lieu à Toronto.

Selon ce porte-parole mondial des gendarmes financiers, «il faut renforcer nos efforts sur le plan international pour s'assurer que le système financier soit beaucoup plus solide et robuste. Il ne faudrait pas répéter cette catastrophe financière [de 2008-2009] dont le coût jusqu'ici équivaut à 15% du produit intérieur brut (PIB) mondial, et qui continue de grimper».

Dans ce contexte, quelles priorités interpellent les 32 membres de l'OICV - incluant l'Autorité des marchés financiers (AMF) au Québec - et dont la juridiction s'étend sur 95% des marchés de valeurs mobilières de la planète?

Le «shadow-banking»

En réponse, David Wright mentionne d'emblée l'ampleur du «shadow-banking», c'est-à-dire les actifs de titres complexes (fonds monétaire, titrisation, repos, etc.) qui sont échangés hors des marchés parmi les grandes institutions financières.

«Nous découvrons depuis quelques années l'ampleur de ces activités fantômes, qui équivalent à près de 50% de tout l'actif des banques dans le monde. C'est énorme, et nous devrons mieux comprendre leur connectivité avec les marchés, de même que leur impact sur les normes de capitalisation des banques», indique M. Wright.

Par ailleurs, les membres de l'OICV continuent de «pousser» sur le marché des produits dérivés - des titres synthétiques de gestion de risque et de spéculation - pour qu'ils s'échangent de plus en plus en marchés supervisés, plutôt qu'en transactions hors cote à l'insu des régulateurs.

Aussi, mentionne David Wright, les membres de l'OICV sont plus attentifs aux enjeux de bonne gouvernance d'entreprises qui émettent des titres en Bourse, de même qu'au niveau d'éducation financière, jugé encore trop faible parmi le public épargnant et investisseur.

«Depuis la crise de 2008 et les scandales financiers qui ont suivi, il y a une grande méfiance envers tout le secteur de la finance et de l'investissement boursier», indique M. Wright.

«En parallèle, il y a encore beaucoup à faire pour rehausser le niveau d'éducation financière des particuliers et des consommateurs. Trop souvent, ils comprennent mal les produits ou services financiers qu'on leur vend parce que ça manque de transparence. Aussi, il y a encore trop de coûts cachés.»

Quant à la lutte à l'évasion fiscale internationale, devenue une priorité parmi les gouvernements des pays du G8, David Wright dit que les membres de l'OICV peuvent y contribuer en facilitant les recherches d'informations.

«Les régulateurs de marchés financiers n'ont pas de mandat fiscal comme tel. Mais ils peuvent assister les enquêteurs fiscaux en leur facilitant l'accès à l'information sur les détenteurs de comptes, les propriétaires d'entreprises et leurs transactions de valeurs mobilières. Au niveau national d'abord, mais de plus en plus aussi en collaboration internationale.»