Montréal se compare bien à Boston et à Chicago quant à l'importance relative de son secteur financier. Bien que loin derrière Toronto, le second centre financier du Canada profite d'un noyau dur d'entreprises autour duquel gravite une variété de petites firmes toutes solidement ancrées dans leur marché.

«L'industrie financière à Montréal est très concentrée avec quelques institutions du côté de la gestion privée, comme PSA, la Caisse de dépôt et Fiera Capital, note Janick Boudreau, présidente du conseil d'administration de l'Association CFA Montréal qui regroupe plus de 2210 analystes financiers agréés. Mais il y a aussi plusieurs petites firmes, comme Hexavest, qui sont de belles histoires d'entreprises à succès.»

Cette concentration, qui découle de la consolidation de l'industrie dans les années 90, n'est pas sans conséquence. Janick Boudreau note la surqualification de la main-d'oeuvre financière à Montréal. «Un analyste financier à Toronto a plus de possibilités de croissance et de développement personnel, déplore-t-elle. Bien des CFA doivent quitter Montréal pour atteindre leur plein potentiel.»

De plus, les salaires sont moins élevés à Montréal qu'à Toronto, Vancouver ou Calgary pour cette industrie où, selon l'expression reprise par Janick Boudreau, «vous mangez ce que vous tuez». La majeure partie de la rémunération des analystes au Canada est en effet liée à la performance. Les CFA de Montréal profitent cependant d'une rémunération moyenne de base proportionnellement plus importante, en raison du poids relatif des employeurs institutionnels.

Comme Boston et Chicago

Mais il n'y a pas que l'argent dans cette industrie du capital. «Beaucoup d'entre nous veulent aider la communauté des investisseurs ou sont motivés par la volonté d'être à la fine pointe professionnelle», de dire la présidente de l'Association CFA Montréal.

«Montréal se compare bien à Boston et à Chicago quant à l'importance relative du secteur financier, note aussi Jean Houde, président du conseil d'administration du regroupement Finance Montréal, une organisation qui s'est donné pour mission principale d'accroître ces emplois à forte valeur ajoutée dans la métropole québécoise. «Environ les deux tiers de l'intermédiation financière de proximité au Québec proviennent de trois grandes institutions dont le «mind and management» sont clairement au Québec», ajoute-t-il.

Montréal a encore amélioré sa place au classement semestriel des firmes londoniennes Z/Yen et Long Finance. En mars dernier, la métropole québécoise a atteint le 16e rang mondial, à la suite d'une progression continue depuis cinq ans. Toronto reculait entre-temps au 12e rang, tandis que Vancouver occupe la 15e place.

Ce classement résulte autant d'une évaluation des pairs que de variables objectives. Plusieurs des indicateurs concurrentiels - comme la solidité du système financier - sont communs aux centres canadiens. Par contre, Montréal n'est pas aussi bien coté sur la seule base subjective par les quelque 2000 professionnels de la finance. Ceux-ci privilégient nettement Toronto ou Vancouver.

«Montréal est perçu comme une place financière secondaire dans la planète finance. Bref, notre «brand» laisse à désirer», faisait observer Jean Houde lors d'une présentation récente devant l'association des CFA de Montréal.

Lancé il y a trois ans en tant que «grappe financière du Québec», Finance Montréal mise sur quatre champs de développement: la retraite, les produits dérivés, la technologie liée à la finance, une priorité qui s'est concrétisée avec la tenue du Forum FINTECH à la mi-mai, et les infrastructures, un tout nouveau chantier.

Pour ce qui est de la retraite, un enjeu public majeur et une source importante d'expansion des affaires, Montréal paraît bien positionné avec la présence de deux grands fonds de pension publics, soit la Caisse de dépôt et Investissements PSP, et l'important bassin d'actuaires et de démographes de renom, croit Jean Houde. Des partenaires majeurs, en particulier la Caisse et Power, se sont par ailleurs associés à la Conférence de Montréal pour y tenir une journée retraite, le 10 juin prochain, où des universitaires exposeront leurs recherches.

Pour les produits dérivés, le président de Finance Montréal estime vital de maintenir et d'augmenter la domination de Montréal dans ce domaine. «On peut se féliciter du rôle central joué par nos grandes institutions dans le consortium Maple qui a acquis le Groupe TMX, contribuant ainsi à la pérennité d'une Bourse des produits dérivés à Montréal», affirme-t-il.

M. Houde souligne de même l'arrivée récente à Montréal de la société anglaise OSTC qui emploie 25 négociateurs de produits dérivés et qui compte multiplier ce nombre dans les prochaines années et ainsi devenir l'un des plus importants utilisateurs de la Bourse de Montréal.

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LE MONTRÉAL FINANCIER EN CHIFFRES

100 000

Emplois répartis au sein de 3000 entreprises

25 000

Spécialistes financiers

4

Universités offrant des programmes spécialisés en finance, notamment en ingénierie financière et en mathématique financière.

30

Unités de recherche universitaire dans des secteurs tels que les produits dérivés et l'administration de régimes de retraite.

8000

Étudiants en finance, dont 1000 à la maîtrise et au doctorat et plus de 2000 diplômés par année.

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LE MONTRÉAL FINANCIER EST DIVERSIFIÉ

Valeurs mobilières:

40% des employés

1500 entreprises

Banques et intermédiaires financiers:

38% des employés

300 entreprises

Assurances et activités connexes:

22% des employés

1300 entreprises

Sources: Finance Montréal et Centre Financier International de Montréal

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Les 10 principales institutions financières à Montréal*

1. Banque Nationale

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 164

Sixième grande banque du Canada, la Banque Nationale est la principale institution bancaire du Québec. C'est là que l'on retrouve la plus grande concentration de femmes parmi les analystes financiers agréés en poste à Montréal, soit 26 sur 164. Le groupe financier intégré emploie 19 858 personnes au total à travers tout son réseau.

2. Caisse de dépôt et placement du Québec

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 1451

La Caisse de dépôt et placement du Québec compte l'une des plus importantes équipes spécialisées en gestion de fonds au Canada et en Amérique du Nord. La Caisse employait un total de 813 personnes, au 31 décembre 2012.

1 Incluant les filiales immobilières de la Caisse.

3. Mouvement Desjardins

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 107

Premier groupe financier coopératif du Canada et premier groupe financier du Québec, Desjardins déploie une équipe de recherche financière de plus d'une centaine de spécialistes à Montréal. Le Mouvement compte au total plus de 44 940 employés.

4. Banque Royale du Canada

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 61

La Banque Royale est l'institution financière d'importance où l'on retrouve la plus forte proportion de femmes parmi les analystes en poste à Montréal, soit 18%.

5. Investissements PSP

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 59

Investissements PSP est l'un des plus grands gestionnaires de fonds pour des caisses de retraite au Canada. La firme, qui compte au total plus de 400 employés, investit des fonds pour les régimes de pension de la fonction publique, des Forces canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada et de la Force de réserve.

6. Banque CIBC

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 57

Reconnue par au moins deux agences d'information pour l'exactitude de ses prévisions sur les économies canadienne et américaine, les prix du pétrole brut, du gaz naturel et de diverses devises, la CIBC emploie 57 analystes financiers agréés à Montréal.

7. Standard Life

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 51

L'importante société d'épargne à long terme et de placement dont le siège social est à Édimbourg, en Écosse, compte sur une cinquantaine d'analystes financiers rue Sherbrooke Ouest.

8. BMO Groupe financier

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 44

Fort d'un actif de plus de 542 milliards et d'un effectif de plus de 46 000 employés, BMO, dont le siège administratif est à Toronto, emploie 44 membres de l'Association CFA Montréal, dont seulement 5 femmes.

9. Groupe Banque TD

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 27

Le Groupe Banque TD, qui offre une sélection complète de services financiers, est en forte expansion au Québec. Vingt-sept 27 analystes financiers travaillent au bureau montréalais de l'institution torontoise.

10. Fiera Capital

Nombre d'analystes financiers à Montréal: 26

Fiera Capital, une jeune firme indépendante de Montréal, compte déjà parmi les plus importants gestionnaires de placements du Canada. L'entreprise en forte croissance arrache d'ailleurs cette 10e place à une institution montréalaise, la Banque Laurentienne.

*Selon le nombre d'analystes financiers membres de l'Association CFA Montréal