Après Great-West (T.GWO) qui a fait l'acquisition d'Irish Life mardi, c'est au tour de l'Industrielle Alliance (T.IAG), de Québec, de faire parler d'elle avec une émission-surprise de nouvelles actions, accueillie par ailleurs froidement par le marché. À la fermeture de la Bourse hier, le titre du quatrième assureur-vie au pays a cédé un peu plus de 4%, à 37$.

Ces événements surviennent après que le sous-indice boursier des assureurs-vie et de santé eut progressé de 23% au Canada depuis un an, souligne Bloomberg, une meilleure performance que l'indice S&P/TSX en général ou que le sous-indice des institutions financières.

Pour sa part, l'action de l'Industrielle Alliance est en hausse de 40% depuis un an et de 80% depuis son creux de 20,55$ atteint le 25 juillet 2012.

L'Industrielle Alliance, comme Sun Life [[|ticker sym='T.SLF'|]] ou Manuvie [[|ticker sym='T.MFC'|]], a souffert depuis la crise financière de 2008-2009 en raison à la fois de la volatilité extrême des marchés boursiers et de la baisse des taux obligataires de long terme.

Mais est-on en face d'une simple embellie passagère ou d'un phénomène durable? «Si on croit à la reprise économique américaine, oui, le vent a tourné pour les assureurs, répond Marc-André Robitaille, gestionnaire de portefeuille de Placements AGF, qui se situe dans le camp des croyants. Fondamentalement, les assureurs-vie ne sont pas encore très chers. Ils s'échangent encore à escompte sur le marché», soutient-il.

L'Industrielle Alliance, Great-West, Manuvie et Sun Life se vendent en moyenne à un prix équivalant à 12 fois les profits de 2013.

M. Robitaille recommandait l'achat de Manuvie dans les pages de La Presse Affaires le 31 octobre 2011 et renouvelait sa recommandation d'achat le 6 juin 2012, même si MFC était passé pendant cette période de 13,68$ à 10,77$. À 15h35 hier, Manuvie se vendait à 15,17$, en hausse de 11% par rapport à octobre 2011 et de 41% par rapport à juin 2012.

M. Robitaille était l'un des rares financiers, hier, à se réjouir publiquement de l'émission de 225 millions de dollars d'actions ordinaires de l'Industrielle Alliance à un prix de 37,50$ l'action. «Je pense que c'est une bonne chose à long terme pour la société. Son bilan va être beaucoup plus intéressant que s'il avait émis de la dette», explique-t-il, tout en reconnaissant l'effet dilutif de l'émission sur les actionnaires actuels.

Dans un communiqué, l'Industrielle Alliance indique que le produit servira à rembourser de la dette subordonnée et des unités de fiducie. Son ratio d'endettement total passerait ainsi de 35,2% à 29,3%, à la satisfaction des agences de notation.

L'analyste Mario Mendonca, de Canaccord Genuity, ne partage pas l'avis de M. Robitaille. Il qualifie l'émission d'opportuniste et retire l'Industrielle Alliance de sa liste de ses titres favoris. Il réduit son cours cible de 2$, soit de 42 à 40$.

«Nous avons procédé à l'émission à ce moment-ci pour gagner de la flexibilité financière à l'avenir si jamais on a besoin de capital pour quelque raison que ce soit, explique dans un entretien téléphonique Michel Tremblay, vice-président directeur et chef des placements chez Industrielle Alliance. Comme on a vu qu'il y avait beaucoup de demandes pour notre titre depuis la publication de nos résultats du quatrième trimestre de 2012, c'est un bon temps pour en émettre parce qu'on satisfait à la demande des investisseurs.»