Citigroup (C) a pris Wall Street par surprise mardi en annonçant le départ de son directeur général Vikram Pandit et celle du numéro deux John Havens, au lendemain de la publication des résultats trimestriels de la banque américaine, déclenchant un flot de spéculations.

Michael Corbat, vétéran de Citi avec près de 30 ans d'expérience dans l'entreprise, devient membre du conseil d'administration (CA) et va lui succéder après avoir été élu «à l'unanimité» par le CA.

«C'est une surprise totale», a admis Erik Oja, analyste de Standard & Poor's, interrogé par l'AFP.

Vikram Pandit s'est expliqué dans un court mémo transmis aux employés. «Après cinq années extraordinaires, j'ai décidé de démissionner», dit-il dans ce mémo obtenu par l'AFP. «Les résultats d'hier montrent clairement que nous avons redressé l'entreprise».

«Nous respectons la décision de Vikram», a réagi Michael O'Neill, le président du conseil d'administration, dans un communiqué, soulignant que «depuis sa nomination au début de la crise financière et jusqu'à aujourd'hui, Vikram a restructuré et recapitalisé l'entreprise».

«Le conseil d'administration et moi lui sommes reconnaissants d'avoir mené l'entreprise avec intégrité à travers la crise», a-t-il ajouté.

Il a fait valoir que Michael Corbat, qui dirigeait jusqu'à présent les activités de la banque américaine en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, avait à son actif une expérience très variée dans tous les métiers bancaires.

Ce dernier a annoncé qu'il étudierait les comptes du groupe au cours des prochaines semaines et que cela déboucherait sur des «changements».

Citigroup qui fut la première banque américaine avant la crise, quand son ex-dirigeant et fondateur Sandy Weill en avait fait un mastodonte financier, s'est retrouvée l'une des institutions financières américaines les plus fragilisées par la crise.

Sous la houlette de Vikram Pandit, la société s'est refait une santé, éliminant les activités les plus risquées et réduisant son périmètre pour se recentrer sur les activités bancaires de base.

L'action progressait de 0,82% à 36,96 dollars à la mi-séance, après avoir bondi de 5% mardi.

Les spéculations allaient bon train sur ces départs précipités. «Ça ne ressemble pas à un départ normal», remarque le site d'analystes 247Wallst.com, évoquant une myriade de raisons possibles, notamment «un problème de santé caché», ou «des problèmes avec les résultats qui n'auraient pas été discutés publiquement».

Le bénéfice du troisième trimestre publié mardi est ressorti en chute de 88%, principalement à cause d'une lourde charge due à la dépréciation de sa part dans la coentreprise de courtage avec Morgan Stanley, qu'elle vient de céder à son ex-partenaire. Hors éléments exceptionnels, les résultats ont toutefois témoigné d'une amélioration des activités de base du groupe, notamment l'immobilier.

Sur le réseau social Twitter, le courtier signant Finansakrobat s'interrogeait: «Qu'est-ce que fuit Pandit? Le Libor? Des poursuites du département américain de la Justice? Des actifs pourris?».

D'autres faisaient valoir que la banque avait échoué aux tests de résistance de la Fed en mars et s'était vu interdire la distribution d'un dividende, ce qui aurait pu froisser les actionnaires, d'autant que l'action du groupe a chuté de 90% depuis que M. Pandit en a pris les rênes en 2007.

M. Oja estime au contraire que Vikram Pandit quitte Citi «en position de force» et qu'il «part pour un différend sur sa rémunération».

M. Pandit, qui a fait fortune en arrivant chez Citi en 2007 à la faveur du rachat de son fonds d'investissement, lui ayant rapporté plus de 165 millions de dollars, avait renoncé à son salaire en 2009 et 2010 tant que les comptes du groupe seraient dans le rouge. Mais les actionnaires ont voté en avril contre le projet de lui accorder un salaire et des primes de 15 millions de dollars au titre de 2011, année qui s'est pourtant achevée sur un bénéfice.